samedi 11 mai 2019

La pension de la via Saffi de Valerio Varesi



Présentation éditeur
À quelques jours de Noël, alors que la morsure du froid envahit Parme, Ghitta Tagliavini, la vieille propriétaire d’une pension du centre-ville est retrouvée assassinée dans son appartement. L’enquête est confiée au commissaire Soneri mais cette affaire fait ressurgir un drame enfoui : c’est dans cette pension pour étudiants de la via Saffi qu’il rencontra jadis sa femme, Ada, tragiquement disparue peu après leur mariage.
En s’enfonçant dans le brouillard épais comme on traverserait un miroir, Soneri va découvrir un univers bien plus sordide que ses souvenirs. L’aimable logeuse se révèle être une femme sans scrupules, enrichie par la pratique d’avortements clandestins et derrière la modeste pension, se cache en réalité un monde vivant de haine et de chantage, frayant avec le cynisme de cercles politiques corrompus.
Pour trouver l’assassin, le commissaire devra se confronter à l’épreuve du temps et à la vérité sur la vie et la mort d’Ada. Car qui est cet homme qui pose à côté d’elle sur cette photographie jaunie ?

Ce que j'en pense
Or donc, j'ai beaucoup
 de retard dans mes lectures de Valerio Varesi. Je n'en suis pas mécontente, ça me fait des titres en réserve (parce que les volumes parus à ce jour chez Agullo sont tous en stock à la maison). J'avais aimé Le fleuve des brumes, j'ai adoré ce deuxième volume, déchirant de mélancolie. 
L'influence diffuse de Simenon est plus nette ici : Soneri s'imprègne des ambiances, passe beaucoup de temps dans la pension et son quartier, il observe, ressent, comme le fait Maigret. Cette fois les lieux signifient beaucoup pour le personnage, et cela change tout. L'enquête le ramène douloureusement à son passé, à la fois pour des motifs intimes, personnels, et pour des raisons plus collectives, si je puis dire. A travers la pension et le quartier, c'est la Parme des années de lutte politique qui ressurgit, des quartiers populaires. Et tout cela disparaît ou a déjà disparu, en même temps que le passé de Soneri s'effrite sous les révélations. Je ne sais pas si l'on peut parler de nostalgie, parce que le roman est plutôt sous le signe de la désillusion, et c'est cela qui est déchirant et qui touche au coeur. Parme est cette fois noyée de brouillard, propice aux fantômes du passé. Valerio Varesi est un romancier éminemment politique: il dresse par petites touches le portrait d'une société qui a vendu ses idéaux au mercantilisme, au capitalisme, corrompue et sans mémoire. Il n'a pas besoin de faire de grands discours pour cela, il nous montre simplement ce qui a disparu et ce qui est. 
J'ai lu ce roman il y a quelques semaines et j'en suis encore bouleversée au moment de rédiger ces lignes: Valerio Varesi est sans aucun doute un grand du polar. 

Valerio Varesi, La pension de la via Saffi (L’affittacamere), Agullo, 2017. Traduit de l'italien par Florence Rigollet. Disponible en numérique.

2 commentaires:

Pierre FAVEROLLE a dit…

Comme toi, j'ai adoré ce roman. Et comme toi, j'ai mis plusieurs jours à m'en remettre ! A noter qu'il est sorti en format poche chez Points. Voilà un roman indispensable pour moi, qui fait partie de mon TOP10 de ces 10 dernières années. Amitiés

Tasha Gennaro a dit…

Je suis absolument d'accord avec toi, Pierre! Varesi est une de mes plus belles découvertes ces derniers temps, et je garde précieusement les deux suivants en stock pour ne pas les lire trop vite et me trouver sans rien de Varesi.