dimanche 19 novembre 2017

Black Cocaïne de Laurent Guillaume



Présentation (éditeur)

«Au Mali, tout est possible et rien n’est certain», ainsi parle Solo, ce Franco-Malien recherché par la police française qui a laissé derrière lui un passé obscur pour recommencer une nouvelle vie sur le continent noir. 

Ancien des stups respecté de la profession, Solo est devenu à Bamako un détective privé populaire. Même si les souvenirs douloureux le hantent souvent, Solo les noie avec application dans l’alcool. Jusqu’au jour où une belle avocate française l’engage pour faire libérer sa sœur arrêtée à l’aéroport avec de la cocaïne. Un dossier en apparence simple pour Solo, mais cette banale histoire de mule va prendre une tournure inquiétante. Ses vieux démons réveillés, l’ex-flic se lance dans cette affaire dangereuse, entre tradition et corruption, avec la détermination de celui qui n'a rien à perdre.


Ce que j'en ai pensé
Laurent Guillaume a passé quelques années au Mali dans le cadre de ses (anciennes) fonctions professionnelles: il connaît donc ce pays sans en avoir une vision de carte postale ni une saisie déformée par le prisme des médias d'informations occidentaux. Son héros est franco-malien (père malien et mère bretonne) : il faut cela, je pense, pour rendre les déambulations de Solo crédibles dans Bamako, mais ancien flic en France, il a passé la première partie de sa vie hors de ce territoire et a un point de vue européen sur bien des choses. Entre distance et familiarité, il évolue avec aisance dans le Mali d'aujourd'hui et en livre certains aspects: difficultés de fonctionnement des institutions, corruption, investissements étrangers, collusion entre les acteurs locaux et les trafiquants de drogue... Car c'est bel et bien un roman noir que livre Laurent Guillaume, et il en reprend tous les codes en les transposant dans ce contexte malien. Solo est un privé qui vivote sur l'héritage de son père, fuyant la France (il est recherché par la police française) et l'horreur personnelle qu'il a laissée derrière lui; c'est l'archétype du privé à la vie brisée, qui parvient malgré tout à trouver un peu de réconfort dans l'amitié (Driss notamment). Et la construction est classique : le privé sollicité par une belle cliente pour enquêter sur une mort qui n'intéresse personne, le grand plongeon quand il est impliqué personnellement (la mort de Driss), la volonté d'aller jusqu'au bout. Tout y est et vous savez quoi? Eh bien ça marche. Je ne me suis pas ennuyée une seconde, j'ai aimé être transportée dans un pays que je ne connais pas, j'ai aimé les personnages, les choix de Solo. 
Laurent Guillaume ne cherche pas à bousculer les codes du polar, il les exploite pour parler d'un pays qu'on ne croise pas si souvent dans le polar (je vous reparlerai bientôt de Moussa Konaté), et s'il n'en esquive pas les faiblesses et les horreurs, il en montre aussi la beauté et la valeur humaine. 

Laurent Guillaume, Black Cocaïne, Denoël, 2013. Disponible en Gallimard Folio policier. Disponible en ebook. 

2 commentaires:

Electra a dit…

Je lis beaucoup de romans africains via Métailié, aussi je découvre celui-ci et il me tente, un francophone ! Je le note pour un emprunt à la bibli.

Tasha Gennaro a dit…

Attention, Laurent Guillaume n'est pas originaire du continent africain. Mais il a vécu 4 ans, je crois, au Mali. Ce n'est pas le polar du siècle mais j'ai beaucoup aimé! Et je vais reparler de Moussa Konaté, mais tu l'as peut-être déjà lu.