mardi 20 mai 2014

Belle Epoque d'Elizabeth Ross


Présentation
 Lorsque Maude Pichon s'enfuit de sa Bretagne natale pour échapper à un mariage dont elle ne veut pas, elle monte à Paris, ville-lumière en ébullition à la veille de l'exposition universelle de 1889. Hélas, ses illusions romantiques s'y évanouissent aussi rapidement que ses maigres économies. Elle est désespérément à la recherche d'un emploi quand elle tombe sur une petite annonce inhabituelle : " On demande de jeunes filles laides pour faire un ouvrage facile. " L'Agence Durandeau propose en effet à ses clients un service unique en son genre : le repoussoir. Son slogan ? " Louez un faire-valoir, vous en deviendrez d'emblée plus attirante. " Étranglée par la misère, Maude postule...

Mon avis
Voilà une bien jolie surprise. Un roman pour ados qui probablement touchera davantage les filles, en adoptant le point de vue de Maude. C'est un roman de formation classique dans sa construction, sans grande surprise mais qui évite tout de même, je trouve, certaines facilités. Les personnages sont attachants, je sais que certains lecteurs déplorent chez Maude une certaine naïveté mais il me semble que c'est une nécessité narrative. D'ailleurs, cette naïveté n'est pas exagérée et ne la rend pas insupportable. Les personnages qui l'entourent sont intéressants, bien campés, souvent assez nuancés. Isabelle et Marie Josée sont aussi de jolis personnages.
L'auteure brosse un joli paysage parisien, qu'il s'agisse des beaux quartiers ou du Montparnasse populaire et canaille de l'époque, du gros gâteau qu'est l'Opéra Garnier ou de la futuriste et décriée Tour Eiffel, alors en construction. On y est, on perçoit les atmosphères, le bouillonnement de ce Paris en pleine évolution. On sent aussi les tensions sociales, la morgue de ces nouveaux riches, la misère du peuple.
C'est aussi un joli roman sur la beauté et la laideur. Parce qu'il est question de la Tour d'Eiffel, comme on dit alors, de l'Opéra Garnier, d'art (musique, peinture), la question de la beauté comme notion culturellement et même socialement marquée est bien plus largement abordée que comme une simple question de beauté physique. C'est néanmoins un aspect important du roman, dont l'argument central est cette agence de faire-valoir, de jeunes filles laides ou sans grâce louées à de riches femmes pour rehausser leur beauté ou celles de leurs filles à marier. Dans la nouvelle de Zola dont s'inspire le roman, l'agence Durandeau est l'occasion pour l'auteur de dresser une critique acerbe de cette société de dominants, une société capitaliste où tout est monnayable, quel que soit le prix humain à payer. Sans trahir la nouvelle, le roman d'Elizabeth Ross déplace le point de vue vers les jeunes filles humiliées, des adolescentes qui ne sont laides, somme toute, que si on les considère comme telles. Nous avons d'ailleurs peu de descriptions de ces jeunes filles, libre au lecteur de les imaginer laides ou simplement quelconques. C'est la violence du regard qui est jeté sur elles qui importe ici.
Bref, cest un roman qui, sans être exceptionnel, offre ce quil faut de romanesque, de dépaysement et de réflexion pour emporter de jeunes lectrices. J'ai en tout cas passé un excellent moment avec ce roman, bien mené, assez original et bourré de charme.

Elizabeth Ross, Belle Époque (Belle Epoque), Robert Laffont R, 2013. Traduit de l'anglais par. Publication originale: 2013.

Pour qui ?
Je pense que le roman est accessible dès 13 ans. Il peut constituer une bonne passerelle vers Zola et son Au bonheur des dames… et bien entendu, on peut lire, à la fin du volume, la nouvelle de Zola dont Elizabeth Ross s'est inspirée pour ce roman.

Le mot de la fin
Charmant mais pas que.


Elizabeth Ross, Belle Epoque (Belle Epoque), Robert Laffont R, 2013. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Madeleine Nasalik. Publication originale : 2013. Disponible en numérique.

2 commentaires:

Maïté Bernard a dit…

J'ai très envie de le lire. Je l'ai découvert grâce aux lecteurs de Babelio, dont je fais partie (j'ai une identité perso et mes élèves et moi avons aussi une dientité) J'en profite pour vous remercier pour la bonne critique d'Ava : ouf!

Tasha Gennaro a dit…

Bonjour! Oui c'est un chouette roman. Quant à Ava, très sincèrement, je suis fan, n'ayant pas peur des mots! :-)