jeudi 27 mars 2014

Tel Aviv Suspects de Liad Shoham


Présentation (éditeur 10/18)
Dans un quartier sans histoire de Tel-Aviv, le viol d'une jeune fille met la police en émoi. Pas d'indices, pas de témoins, pas de suspects. Le père de la victime décide de mener sa propre enquête, jusqu'à identifier Ziv Névo comme le coupable. L'affaire serait sur le point d'être classée, sans les doutes du vieil inspecteur Élie Nahoum. Pourquoi Névo refuse-t-il de s'exprimer ? Qui veut-il protéger par son silence ? Le père aurait-il pu forcer sa fille à accuser un innocent ? Entre le policier et le suspect commence un duel sous haute tension, qui va attirer dans son ballet de faux-semblants un jeune avocat idéaliste, le bras droit d'un boss de la mafia et un reporter prêt à tout pour décrocher le scoop de sa vie. Quand un deuxième viol est commis, la quête de la vérité devient une affaire de vie ou de mort...

Mon avis
Je ne sais pourquoi, j’avais envie de dépaysement et de toucher à des rivages polareux inconnus (de moi). Je suis tombée par hasard sur ce polar israélien, je me suis dit banco. Je lis çà et là que l’auteur est THE auteur de polars en Israel, l’éditeur arbore fièrement un « chef d’œuvre » sur la couverture. Ouais, ben, on se calme.
Cela commençait assez bien, avec une intrigue et des personnages tout à fait représentatifs du roman noir. D’un côté, un flic plus tout jeune, qui va rapidement avoir des problèmes avec sa hiérarchie, un de ces enquêteurs malmenés comme en recèlent tant de romans noirs ; de l’autre, un type ordinaire, qui basculé du côté obscur de la force au gré d’événements malheureux, un de ces losers que la vie broie après lui avoir promis monts et merveilles. Bref, les deux grands types de personnages du roman noir.
Le tout se déroule sur fond d’institutions défaillantes, avec des relations troubles entre pègre, justice et police. La mécanique tragique se met en marche.
Pourtant, si je suis allée jusqu’au bout du roman sans peine, je n’ai pas aimé. D’abord, peut-être parce que je venais de lire Wessel Ebersohn, j’aurais aimé lire un roman noir un peu plus ancré dans la société israélienne. Sur ce point je veux bien admettre que mon point de vue est géo-centré : d’Israel je ne connais somme toute que la question israélo-palestinienne, et je peux comprendre qu’un auteur de polars ne considère pas que c’est l’unique sujet, d’autant qu’apparemment, son roman est bel et bien ancré dans un certain aspect de la société israélienne (justice, police, pègre). Ce n’est pas ce que j’attendais, ça ne signifie pas que le roman soit mauvais.
Ensuite et surtout, le roman se termine curieusement. Difficile d’en dire plus sans spoiler, mais franchement, la fin n’a rien d’une fin de roman noir. Dois-je considérer que c’st du thriller ? Pas tout à fait à mon sens (et c’est tant mieux) car l’auteur ne joue pas la carte du polar haletant, il prend le temps de déployer les choses et ne la joue pas « course contre la montre ». Mais pour faire simple, aucun des auteurs de romans noirs dont j’aime l’univers n’aurait opté pour cette fin-là, AU CONTRAIRE.
Bref, Tel-Aviv Suspects a été une lecture sympathique mais ce n’est pas ce que j’espérais, et je ne pense pas revenir vers cet auteur.

Liad Shoham, Tel Aviv Suspects (Misdar zihouï מסדר זיהוי), Les Escales, 2013. Traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche. Publication originale : 2011. Disponible en poche chez 10/18.

1 commentaire:

Maïté Bernard a dit…

J'apprécie beaucoup le côté à la fois tranché et mesuré de votre chronique. On comprend clairement que vous n'avez pas été impressionnée, et en même temps vous listez ses qualités. J'ai tendance à faire ça aussi, avoir en même temps mon côté émotionnel( "jaime/ j'aime pas") et mon côté analytique. Sur le dernier film de George Clooney par exemple. Je suis sortie en disant "C'est divertissant, j'ai passé un bon moment", mais je pense aussi qu'il a essayé de faire un film de guerre avec des figures imposées qui rendent le spectateur complice heureux, mais qu'il a pris de si gros sabots que ce ne sont plus des figures imposées mais des clichés.