Pas de billet de toute la semaine… Certes, un peu de lecture, au bout
de journées folles et parfois épuisantes. Mais ça a été une semaine sans grand enthousiasme
de lectrice. J’ai commencé le recueil de nouvelles Nevada de Claire Vaye Watkins, mais je n’ai pas réussi à fixer mon
attention dessus. J’ai attribué cela à l’élan romanesque généré par la série
adaptée de Jane Eyre. Les nouvelles
qui composent Nevada sont sèches,
arides, écrites dans un style très dépouillé : je me suis dit que la
transition n’était pas la bonne.
Pas grave, j’ai laissé le livre de côté et j’ai lu le bref roman de
Carole Fives, dont le titre me plaisait tant, Que nos vies aient l’air d’un film parfait. Cathulu en avait dit du
bien, j’étais donc enthousiaste en ouvrant le roman. Il m’a pourtant laissée
sur le chemin… Je l’ai terminé (il est très court), mais je l’ai lu sans
plaisir (sans grand déplaisir non plus). On y lit la chronique d’une séparation
et de son impact sur des enfants, dans un récit polyphonique qui nous propose
alternativement les points de vue du père, de la fille, de la mère : une
voix manque, celle du jeune fils, vraiment petit à l’époque de la séparation,
et que la mère, très instable, a fini par élever, loin de sa sœur et de son
père. Le récit de la sœur s’adresse à cet absent, bien des années plus tard. Et
l’on se dit que, étant donné le caractère instable de la mère, un drame s’est
joué, que c’est pour ça que l’on n’entend pas la voix du frère…
(attention ! spoiler)
Pourtant, il n’en est rien et la fin du roman donne enfin la parole au
frère devenu adulte. Aucun drame ne s’est déroulé, il a grandi et il a fait sa
vie, il va même plutôt bien, peut-être mieux que tous les autres membres de sa
famille. Cela ne me gêne pas qu’on joue avec mes attentes pour les décevoir,
cela peut même être un grand plaisir, évidemment, mais là, je dois bien
admettre que j’ai eu l’impression qu’on me roulait, qu’on usait de grosses
ficelles pour me faire poursuivre ma lecture. Surtout, j’ai le sentiment de
n’avoir rien compris à ce roman. Aucun des récits ne m’a touchée, aucun des
personnages n’a attiré ma sympathie, alors que l’histoire avait tout pour me
« parler ». Je ne comprends pas le propos du livre… S’agit-il de nous dire qu’en dépit de toutes les
manipulations dont il a été victime, le garçonnet a grandi et est devenu un
adulte libre de ses choix ? Qu’on s’épanouit par-delà les névroses
familiales ? Je suis très perplexe, je me dis que je suis peut-être passée
à côté d’un beau texte...
Reste la qualité de l’écriture de Carole Fives, dont c’est le premier
roman et qui vient du genre de la nouvelle : je pense qu’à l’occasion je
jetterai un coup d’œil sur sa production antérieure…
Je suis ensuite retournée à Nevada,
persuadée que la qualité est au rendez-vous… Je renonce à nouveau. Je n’y
arrive pas : trop sec, trop glacé, c’est une lecture qui ne me convient
pas ces jours-ci, il n’y a rien à faire. Je sais que je le lirai un jour, ce
fichu recueil, ce n’est pas la première fois que je me casse les dents sur un
livre avant de l’adorer parce que je l’ai repris au bon moment.
Au final, une semaine sans, alors que j’ai
terriblement envie de lire… J’ai fait l’acquisition d’une édition numérique de Jane Eyre, ainsi que de Nord et Sud, d’Elizabeth Gaskell,
histoire de satisfaire mes envies de romanesque échevelé. Mais avant cela, j’ai
commencé Qu’avons-nous fait de nos
rêves ? de Jennifer Egan, avec
appréhension au vu de mes déceptions de la semaine. Je n’ai lu qu’une vingtaine
de pages, il faut donc que je sois prudente, mais pour le moment, ça
m’embarque… Je croise les doigts !!!
Bon week-end et bonnes lectures !
Carole Fives, Que nos vies aient l’air d’un film parfait, Le Passage, 2012. Lu en
e-book.
Claire Vaye Watkins, Nevada (Battleborn),
Calmann-Lévy, 2012. Traduit de l’anglais (USA) par Elsa Maggion. Publication
originale : Riverhead Books, 2012. (Pas) lu en e-book.
8 commentaires:
Le livre de Carole FIves m'attend... On verra si je penche de ton côté ou de celui de Cathulu... Je viens de lire l'Embellie, d'Audur Olafsdottir et je suis complètement à contre-courant de l'enthousiasme général.
Oui, je serai curieuse d'avoir un autre regard sur ce roman (encore un que j'aurais aimé aimer). Jamais lu Audur Olafsdottir. C'est toujours troublant d'avoir un avis contraire à l'avis (à l'enthousiasme) général!
Ah, zut, c’est dommage pour le roman de Carole Fives ! Moi aussi, je l’avais noté chez Cathulu, mais je ne l’ai pas acheté. J’attendrai de le trouver en bibli. Je n’ai pas lu ton spoiler, donc je découvrirai de quoi il retourne.
Tu as raison de souligner que nous ne sommes pas toujours d’humeur pour tel ou tel style.
Pas de « romanesque échevelé » dans « Nord et Sud », mais ça se lit vraiment très bien (et c’est romanesque, quand même + une réflexion très intéressante sur les rapports sociaux : bref, c’est une lecture où on joint plaisir et intelligence).
Je suis curieuse de voir ce que tu auras pensé du Jennifer Egan, qui m’attire aussi.
De mon côté, après « L’Art du jeu » et « Karoo », je n’avais plus envie de rien (indigestion !)… et je ferai peut-être un billet sur ce que j’ai lu le week-end dernier (même pas honte ?), qui a eu le mérite de réveiller mon envie de lire !
Et je n’ai pas repris et achevé mon billet sur Jane Eyre TV et ciné : faut que je m’y colle !
Pour le Fives, je suis déçue d'être déçue! Je verrai pour Nord et Sud, mais justement, le côté peinture sociale me tente bien! Je repense à ce que tu disais de l'espèce de "désancrage" social de Jane Eyre (pas d'urgence pour la chronique, manquerait plus qu'on ait des devoirs à faire!). Pour le Jennifer Egan, c'est fait, j'ai aimé! Cela m'a rassurée, car je craignais comme toi d'avoir une indigestion et de ne rien aimer à cause de ça! Cela m'arrive parfois, alors... Pour moi, à 40 balais, plus de lecture honteuse, que du plaisir à lire ce que je veux, non mais! ;-)) Après le J. Egan je suis retournée à la littérature pour ados avec un IMMENSE plaisir... Bonne semaine!
Oui c'est décevant et parfois rageant d'avoir une série de livres avec lesquels on n'accroche pas. Mais patience, cela revient!
Tu as raison, et puis certains livres attendent leur heure!
Gaskell, c'est un peu l'oubliée de la littérature anglaise...et c'est dommage car elle excelle elle aussi ds la peinture des sentiments, l'adaptation de la BBC est sympa et romanesque à souhait. Normalement cela devrait te plaire...en même temps...Sinon ses Confessions de M.Harrison sont un moment de grande jubilation intellectuelle, et puis on lui doit la première biographie de C.Brontë...Bref, j'adore cette femme, tu l'auras compris!
Avec ce que tu dis, j'ai vraiment hâte de lire E. Gaskell! Quant à l'adaptation de la BBC, elle est déjà dans ma liste d'envies : si le roman me plaît, je craquerai!
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