Présentation (éditeur)
Lorsqu'il devient ambulancier dans l'un des quartiers les plus difficiles de New York, Ollie Cross est loin d'imaginer qu'il vient d'entrer dans un monde fait d'horreur, de folie et de mort. Scènes de crime, blessures par balles, crises de manque, violences et détresses, le combat est permanent, l'enfer quotidien. Alors que tous ses collègues semblent au mieux résignés, au pire cyniques face à cette misère omniprésente, Ollie commet une erreur fatale : succomber à l'empathie, à la compassion, faire preuve d'humanité dans un univers inhumain et essayer, dans la mesure de ses moyens, d'aider les victimes auxquelles il a affaire. C'est le début d'une spirale infernale qui le conduira à un geste aux conséquences tragiques.
Ce que j’en pense
J’avais un peu peur de ce livre. Son sujet et le ton - d’après ce que j’en supposais - me faisaient penser à ce roman de Joe Connelly, A tombeaux ouverts (adapté par Scorsese au cinéma), sur lequel j’avais calé en 1999 (année de la sortie du film): trop noir, aucune lueur d’espoir ou même d’humanité. Je craignais un roman du même ton. Mais il y a eu les billets de Jean-Marc Laherrère et de La Petite Souris… Et j’ai bravé ma peur (si c’est pas beau, ça). Bien m’en a pris, car 911 est un roman magistral, une grande claque, suivie d’une petite tape de réconfort. Je m’explique.
Oui, 911 est d’une grande noirceur, c’est une plongée très sombre dans ce que nos sociétés occidentales et urbanisées font de plus effrayant; oui, le protagoniste vit une descente aux enfers, témoin au quotidien de la violence, de la misère, de la bêtise crasse, du désespoir; oui, je me suis dit que tout cela allait droit dans le mur, dans la mort et dans le sang. Mais le propos est d’une force inouïe. D’abord, j’aime que Shannon Burke ne prenne pas de gants, qu’il ne subsiste chez lui aucun angélisme, l’humain est souvent capable du pire, et qu’il y soit acculé par les circonstances sociales (lucidement analysées via le personnage) ne change finalement pas grand-chose à l’affaire. Cela permet de comprendre, voilà tout. Chacun est capable du pire, entraînant au passage ceux qui sont autour. Cela englobe les « usagers » des services d’urgence, considérés ici comme les sujets plus ou moins passifs d’une dégradation du tissu social, avec qui l’on ressent, dans l’ensemble, peu d’empathie, gagnés par la distance du personnage; et les soignants, qui se déploient en une galerie riche, complexe, car jamais Shannon Burke n’est caricatural. Il a lui-même exercé cette profession, il est évident que cela donne du corps à son roman… Le co-équipier est un beau personnage, déchiré sous ses dehors monolithiques, déchirant aussi, par exemple quand le héros le voit sourire à son enfant, sourire au point qu’il le reconnaît à peine, lui qui n’est qu’un bloc de distance dans l’exercice de son métier.
Ensuite, Shannon Burke ne cherche pas à épargner son lecteur, et certaines scènes sont terribles, mais je n’ai pas ressenti de découragement, bien au contraire, j’avais du mal à interrompre ma lecture (ben oui, faut manger, sortir, parler aux gens!!!). 911 allie la noirceur la plus extrême à une structure narrative qui permet au lecteur de respirer. Je ne parlerai guère de la trajectoire du personnage, pour ne pas dévoiler de choses importantes, mais c’est une trajectoire qui apporte une forme de consolation. Malgré la mort. On referme donc le roman en étant un peu sonné, mais curieusement apaisé…
Shannon Burke, 911 (Black Flies), Sonatine. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Diniz Galos. Publication originale: 2008. Disponible en ebook.
2 commentaires:
je suis très heureux de voir que tu as beaucoup aimé ce livre toi aussi ! une claque, c'est bien le mot . Je vais essayer de me dénicher son premier livre car j'ai bien envie de le lire aussi celui là ! En tout cas belle chronique !!! A bientôt ! :) ( merci pour le lien^^)
Oui, un grand moment de lecture cet été ! Merci, et pour le lien, c'est normal, ton billet m'a décidé à lire le roman. :-)
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