dimanche 13 février 2022

Le Saut d'Aaron de Magdaléna Platzová



Présentation éditeur

Dans l’Europe des années vingt et trente, déchirée par la guerre et la révolution, la jeune Berta Altmann cherche sa voie en tant qu’artiste et femme indépendante. Sa quête de liberté la conduira de Vienne à l’école du Bauhaus, de Weimar à Berlin et jusqu’à Prague. La rencontre et la confrontation intellectuelle avec les artistes célèbres de son temps la poussent à s’engager dans des combats esthétiques et idéologiques à une époque où ceux-ci représentent des choix à la vie à la mort.

C’est à travers l’objectif d’une équipe de tournage israélienne du XXIe siècle que nous découvrons le destin extraordinaire de cette femme, inspiré de l’histoire réelle de Friedl Dicker-Brandeis, qui enseigna l’art aux enfants dans le camp de concentration de Terezín et fut assassinée à Auschwitz. Sans le savoir, les documentaristes, aidés par la petite-fille d’une de ces enfants, libéreront la force obsédante de secrets longtemps enfouis.

Cette fresque couvrant un siècle d’histoire de l’Europe centrale aborde avec force ce qu’il en coûte de se jeter dans l’inconnu afin d’oser s’affirmer en tant qu’individu et artiste.


Ce que j'en pense

Une fois encore, Agullo a déniché une merveille : Le Saut d'Aaron est un roman d'une richesse folle, qui brasse un siècle d'Histoire de l'Europe centrale, d'histoire de l'art, des femmes - femmes-artistes. Le tournage d'un documentaire israëlien va ramener les personnages loin en arrière, à travers le destin tragique de Berta Altmann, inspiré de celui de Friedl Dicker-Brandeis, morte à Auschwitz le 9 octobre 1944. A travers elle, c'est le bouillonnement politique, artistique et intellectuel de l'Europe centrale des années 1920 et 1930 qui nous est donné à voir. Vienne, Berlin, Weimar mais aussi Prague : quelle effervescence, quelle fertilité! L'aspiration à la Révolution se heurte de plein fouet à la montée des nationalismes et totalitarismes, forces progressistes contre forces réactionnaires, et quoi de mieux que le destin d'une femme pour faire percevoir ces tensions? 

Berta est une artiste prometteuse, qui se cherche et s'affirme peu à peu, malgré la tourmente qui menace. On perçoit à la fois l'élan de liberté qui l'anime et sa dépendance aux hommes qu'elle aime, car, pour le dire de manière grandiloquente, c'est l'amour qui la tuera. Elle a la possibilité de fuir pour l'Angleterre et le refuse, pour rester près de l'homme qu'elle aime, et cette volonté la mènera à la mort, dans les derniers convois pour le camp d'Auschwitz. 

Il y a donc un double mouvement en Berta, un élan d'indépendance et un attachement viscéral à celui qu'elle aime, qui peine de son côté à sortir de schémas traditionnels. Ainsi, le roman évoque cette difficulté à être, sans paradoxes, une femme artiste dans l'Europe de l'entre-deux guerres. Les choix que l'on fait alors, choix politiques et choix esthétiques (les deux étant liés) ne sont pas des coquetteries ou des futilités, ils sont des choix de vie et de mort.

Mais il nous offre aussi un destin marqué par une conviction viscérale : l'art sauve, l'art est le meilleur moyen de conjurer la mort, et c'est le sens de l'engagement de Berta, jusqu'au bout, jusque dans le camp de Terezin où elle enseigne l'art aux enfants du camp. La force de Berta réside dans sa capacité à transmettre, aux siens et aux autres. 

Cette capacité à se libérer, à choisir la vie, la pulsion de vie, nous la retrouvons dans les dernières pages, avec le "saut d'Aaron", justement, et c'est superbe. La mort de Berta est une abomination, évidemment, mais subsiste la pulsion de vie, la force de la création. L'avenir, c'est Milena. 

Je signale enfin le superbe travail des éditions Agullo, que ce soit avec la traduction de Barbora Faure ou le graphisme de la couverture, somptueux. Pour moi, tout cela compte énormément.


Magdaléna Platzová, Le Saut d'Aaron (AARONŮV SKOK), Agullo, 2021. Traduit du tchèque par Barbora Faure. 




jeudi 10 février 2022

Peter Punk au Pays des merveilles



Présentation éditeur

À peine sorti de prison, Desmund Sasse est arrêté et placé en garde à vue pour complicité de meurtre. Le jeune suspect, qui semble le connaître, lui a laissé de longs messages. Mais rien ne tient dans l’accusation et Sasse est vite libéré.
Il sent pourtant que quelque chose de louche le relie à cette affaire et, bien que résolu à se tenir en dehors des ennuis, il va foncer dedans tête baissée.

Ce que j'en pense

Souvenez-vous : j'avais beaucoup aimé Les aigles endormis. Avec ce nouveau roman, Danü Danquigny change complètement d'univers, et il nous livre un polar dans les règles de l'art, si je puis dire, explorant les codes pour le plus grand plaisir du lecteur. Tout y est : le héros, taulard tout juste sorti de prison et illico dans le collimateur d'un flic pas très malin, ses amis d'enfance, avec un trio relié par cette enfance commune mais séparé par des trajectoires opposées en tous points ; la privée ex-flic en rupture de ban avec la police ; les combines des notables locaux qui fraient avec la crème des caïds du coin. Vous vous dites : rien de nouveau sous le soleil? Ah mais bon sang, c'est le but, et c'est jubilatoire, malin, Danü Danquigny, sans forcer le trait, croque l'époque, les révoltes des Gilets jaunes réprimées violemment, l'évolution d'un tissu urbain qui attise les appétits de certains, condamnant les autres à la relégation, au déclassement. 

Vous voyez, c'est comme quand Todd Robinson, par exemple, livre une sorte de série B survitaminée, et en toute légèreté, met le doigt là où ça fait mal aux USA. Eh bien Danü Danquigny accomplit un travail analogue à mes yeux : il s'empare des codes du polar pour nous embarquer et nous offrir aussi bien un divertissement efficace qu'une radiographie sans concession de l'époque. C'est un cocktail parfaitement dosé, et moi je marche à fond. Je ne me suis pas ennuyée une seconde, l'intrigue est menée tambour battant, et j'ai refermé le volume en espérant une chose : qu'on reverrait bientôt Sasse et Elise, parce que ces deux-là ont encore des choses à nous dire, c'est certain!


Danü Danquigny, Peter Punk au Pays des merveilles, Gallimard, Série Noire, 2022.

mercredi 9 février 2022

Minuit dans la ville des songes de René Frégni



Présentation éditeur

« J’avais été jadis un voyageur insouciant. Je devins un lecteur de grand chemin, toujours aussi rêveur mais un livre à la main. Je lus, adossé à tous les talus d’Europe, à l’orée de vastes forêts. Je lus dans des gares, sur de petits ports, des aires d’autoroute, à l’abri d’une grange, d’un hangar à bateaux où je m’abritais de la pluie et du vent. Le soir je me glissais dans mon duvet et tant que ma page était un peu claire, sous la dernière lumière du jour, je lisais.
J’étais redevenu un vagabond, mal rasé, hirsute, un vagabond de mots dans un voyage de songes. »

Ce roman est le récit d’une vie d’errance et de lectures, aussi dur que sensuel, aussi sombre que solaire. Le chaos d’une vie, éclairée à chaque carrefour périlleux par la découverte d’un écrivain. René Frégni, conteur-né, ne se départit jamais de son émerveillement devant la beauté du monde et des femmes. Fugueur, rebelle, passionné de paysages grandioses, qui restent pour lui indissociables des chocs littéraires. Un homme qui marche un livre et un cahier à la main.


Ce que j'en pense

J'ai lu un roman de René Frégni il y a des années, mais curieusement, cet auteur est resté hors de mon périmètre de lecture. Quelle erreur! J'ai lu en deux fois ce roman, et sans le sommeil qui m'a terrassée au terme d'une semaine de boulot, je l'aurais lu d'une traite. Je dis roman car c'est ce qui est indiqué sur la couverture, mais c'est en large part le récit autobiographique d'un chemin de lecteur et de l'avènement d'un écrivain. Je connaissais les grandes lignes de la vie de René Frégni, et j'ai aimé en savoir plus sur ses jeunes années. 

Je m'aperçois en rédigeant ces lignes qu'il est difficile de dire à quel point ce livre est solaire, à quel point il fait du bien. Ce n'est pourtant pas un chemin pavé de roses que nous relate René Frégni, mais une jeunesse sombre, une jeunesse de fuite, de vagabondage, celle d'un esprit rétif à l'enfermement, quel qu'il soit. C'est aussi une jeunesse marquée par des figures magnifiques, qu'il s'agisse de la mère, mater dolorosa superbe et poignante, d'Ange-Marie, de l'aumônier et de bien d'autres encore, parfois plus fugaces. 

"Lecteur de grand chemin", le narrateur est autodidacte, il lit avec avidité tout ce qui lui tombe sous la main, parfois avec méthode - lorsqu'il est dans la résidence universitaire - et toujours avec passion. Les livres ne l'enferment pas en lui-même, ils l'ouvrent au monde, le rendent libre, lui donnent accès à la complexité et aussi, tout simplement, à la beauté. La rencontre littéraire avec Giono est capitale, et René Frégni parle admirablement de lui. 

Je n'ai pas lu Giono depuis belle lurette et je ne saurais comparer leurs écritures (ce qui serait sans doute totalement crétin, de toute façon). Mais il y a, c'est évident, des points communs dans leur façon d'être écrivain et tout simplement, d'être au monde. Le narrateur ne perd jamais, quelles que soient les difficultés à surmonter, sa capacité d'émerveillement, et René Frégni nous offre des moments de beauté incroyable, avec une écriture sobre et sensuelle qui donne à sentir la mer, le soleil, les paysages (de Corse notamment). C'est d'ailleurs l'un des merveilleux paradoxes de ce livre : le jeune René est presque toujours en cavale, en fuite, et le roman donne pourtant à voir des moments de pause, d'immobilité contemplative. La capacité d'exprimer par l'écriture la beauté du monde n'est pas le seul point commun avec Giono : Frégni est comme lui un esprit libre, résistant de toutes ses forces à l'embrigadement, à l'enfermement dans quelque système de pensée que ce soit. 

Lecteur buissonnier, lecteur à la belle étoile, le jeune René est tout cela. Sa jeunesse de cavale est jalonnée de pauses salutaires, de rencontres souvent merveilleuses (les copains, les femmes, qui jouent un rôle important). Il nous la relate sans fausse naïveté, avec beaucoup de pudeur, dans une écriture à la fois simple et précise, sensuelle et bouleversante. 

Pour moi, reste à découvrir le reste de son oeuvre, et je m'en réjouis d'avance. 


René Frégni, Minuit dans la ville des songes, Gallimard, 2022. 

jeudi 3 février 2022

Une guerre sans fin de Jean-Pierre Martin



Présentation éditeur

Joan-Manuel est un jeune romancier fasciné par la guerre. Pris en otage par les djihadistes puis relâché dans le désert, hanté par le souvenir de sa détention, il décide de partir en Galice sur la piste d’un mystérieux poème de Garcia Lorca.

Alexandre est un diplomate dont la famille a été déportée par un certain Alois Brunner, criminel de guerre nazi devenu conseiller du dictateur Hafez el-Assad. Dans l’espoir de combattre ses démons, il accepte une opération de renseignement dans une ville syrienne assiégée.

Daniel est un mercenaire spécialisé dans la sécurité militaire à Bagdad. Afin de retrouver la fille d’un ami disparue lors d’une mission humanitaire sur la frontière turque, il doit monter une expédition des plus périlleuses pilotée en sous-main par la CIA.

Ce que j'en pense

J'ai acheté ce roman à sa sortie ou peu s'en faut. Je sentais que c'était le genre de roman noir qui pouvait me plaire et rapidement, j'en ai entendu dire du bien, par voie de presse ou de blogs divers et variés. Comme tant d'autres, il s'est retrouvé enseveli dans une pile, avec toujours un truc plus urgent à lire, à faire. Ce n'est donc que ces jours-ci que je m'en suis emparée. D'abord, j'ai failli reculer : avais-je envie d'entendre parler sur 300 pages de guerre, de terroristes, des souffrances engendrées par ce merdier? Mais j'avais commencé, et plus moyen de lâcher le bouquin. 

Il est rythmé par l'alternance entre trois voix narratives, trois personnages qui offrent trois points de vue sur la guerre. Tous trois sont au coeur du brasier pour des raisons différentes, animés chacun par une quête personnelle. Sans effet de manches ("je vous laisse sur un cliffhanger avec Duschnock, rendez-vous dans trente pages, hihihi"), sans effet de suspense façon thriller d'espionnage ricain de mauvais aloi, Jean-Pierre Perrin nous tient. Le chemin presque absurde de Joan-Manuel dans le désert vers ce muret qui peut être son salut est remarquable : c'est le désert des Tartares mais avec du mouvement, quoi. En somme, je tournais les pages avec avidité.

Je ne suis sans doute pas assez lectrice de récits (fictionnels ou non) prenant place dans les différents points brûlants du monde arabe, mais jamais je n'avais lu d'évocation aussi saisissante de l'horreur de Homs bombardée, jamais je n'avais vu les enjeux - personnels, politiques, stratégiques - des actes et des décisions des différentes parties évoquées aussi directement, dans toute leur abjection, leur cynisme. En cela, Une guerre sans fin est un roman d'espionnage ET un roman noir, qui peint la tragédie sans lui donner de beaux autours, une tragédie dégueulasse, désespérante. 

La force de Jean-Pierre Perrin est de faire une oeuvre littéraire superbement écrite à partir d'un matériau qui appartient au réel : Marie Colvin et Rémi Ochlik ont existé, et un certain Perrin, journaliste français, est dans le roman aussi. Sans doute lui fallait-il la puissance de la fiction pour donner du sens au chaos, un sens qui ne serait pas à chercher dans les évènements eux-mêmes mais dans ce que les êtres qui s'y confrontent perdent et trouvent. La mise en abyme est double : Perrin, auteur du roman, est dans le roman, mais il est aussi dans ce personnage de Joan-Manuel, écrivain fasciné par la guerre d'Espagne, et qui cherche quelque chose qui va bien au-delà du témoignage, des raisons d'écrire MALGRE la guerre. 

Avec sa fin ouverte (et terrifiante à mon sens), le roman reprend ce que dit l'un des personnages : c'est une guerre qui dure depuis bien longtemps et qui n'aura sans doute pas de fin ; c'est aussi une guerre qui ne laisse que des victoires aux obscurantistes, car soit ils gagnent militairement (et c'est la fête), soit ils perdent mais gagnent alors la voie du martyre, victoire sur le chemin d'Allah. C'est un peu comme si Sisyphe était heureux de rouler son caillou sans cesse, parce que finalement, son caillou est de plus en plus gros. 

Une guerre sans fin n'est pas un témoignage, pas même un livre politique au sens où pourrait l'attendre : c'est un tombeau, un tombeau pour ceux qui sont morts et pour ceux qui, même revenus, ne sont plus tout à fait vivants. 


Jean-Pierre Perrin, Une guerre sans fin, Rivages Noir, 2021. 

Raser les murs de Marc Villard


Présentation de l'éditeur

SDF, prostituées, migrants, voleurs sont les héros et les héroïnes de ces neuf nouvelles.
Histoires de meurtre, de règlements de compte ou de mains tendues, Marc Villard saisit – sans aucun misérabilisme et avec l’empathie qui caractérise son œuvre – ces personnages dans leur quotidien le plus trivial comme dans leurs instants les plus tragiques. Sur fond de jazz, il nous emmène là où la violence sociale entraîne parfois la violence physique – des bas-fonds du dix-huitième arrondissement de Paris au Nouveau-Mexique, entre le jour et la nuit. Pendant que certains mènent l’enquête, d’autres ont quelque chose à fuir.
Ces hommes et ces femmes prouvent s’il en est besoin que l’échec n’est jamais magnifique. Marc Villard leur redonne une dignité qu’ils ont oubliée.

Ce que j'en pense

A mon sens, Marc Villard donne sa pleine mesure dans l'art de la nouvelle, forme qu'il manie avec une grande délicatesse, qu'il s'agisse de nouvelles très brèves, dix pages ou moins, ou de nouvelles qui prennent un peu plus leur temps. Ce ne sont pas des nouvelles à chute au sens où on l'entend à propos des nouvelles du XIXè siècle ou de la littérature américaine, notamment ces nouvelles de SF qui se terminent sur un choc. Non, si chute il y a, c'est celle des personnages, qui n'en finissent pas, à vrai dire, de tomber. 

Marc Villard est un peintre des marges sociales. Je ne dirais pas qu'il nous montre les invisibles, car les personnages qu'il nous offre sont bel et bien sous nos yeux, dans les métropoles en tout cas, ou leurs périphéries. Ce qui est admirable, c'est qu'il brosse des silhouettes que l'on rattache immanquablement à une catégorie (migrant, prostituée, strip-teaseuse, etc.), dont il parle avec un souci de dire juste, mais qu'il leur donne chair, au-delà de cette catégorie, car ces hommes et ces femmes ne se réduisent pas à cela, tout en étant cela (vous me suivez? moi bof). Donc, on peut caractériser son écriture ou son esthétique (comme vous voudrez) de réaliste, mais il est aussi hors du réalisme, car il a fait le choix, résolu et puissant, de la fiction, d'une certaine façon plus forte que le réel. Parfois, quand je lis les nouvelles de Villard, je pense à Carver, pour leur amour commun de ceux qui vivent dans la débine, et qui semblent courir droit dans le mur. Mais il y a chez Villard quelque chose de spécial et sans doute de singulier, sa capacité à nous faire pleurer des larmes de sang (je vous entends : "bigre!, comme elle y va") face à ces histoires parfois sordides, souvent violentes, ces personnages qui ne sont pas des perdants magnifiques, juste des perdants, et que, par la magie de son écriture, on aime immédiatement. Lulu dans "Kebab Palace", Samir dans "Raser les murs", et aussi Julien dans "Le Brady" : oui, "certains appellent ça la condition humaine". 

Ma préférée dans ce volume, s'il fallait en choisir une : "Pigalle". L'intrigue permet de faire la connaissance de Tessa, superbe personnage qui échappe aux stéréotypes, et parce que la nouvelle illustre bien en quoi Marc Villard refuse l'idée de chute fracassante : la vie continue, en dépit des tragédies, parce que c'est aussi ça, "la condition humaine". Pas d'amertume, pas de misérabilisme, pas d'enjolivement de ces trajectoires ordinaires de ceux qui doivent, encore et toujours, raser les murs. 


Marc Villard, Raser les murs, Joëlle Losfeld, 2022.