Lewis Hine, “The constant visitor, Main Children’s Room, 1914,” New York Public Library. |
Mais quelles que soient mes "infidélités", les librairies restent importantes.
J'en ai déjà parlé, la première fois que je pense avoir mis le pied dans une librairie, une vraie, c'était avec mon père, et je devais avoir 8 ans, maximum 9. Ma mère passait le permis de conduire, il faisait très lourd, et pendant que nous l'attendions, mon père m'a proposé le choix suivant : une glace ou un livre. A l'époque, j'étais déjà une fervente lectrice de Martine (voir ce billet), les livres étaient déjà une part importante de ma minuscule vie, j'ai donc, sans hésiter, choisi un livre. Nous sommes allés dans la librairie jeunesse de ma ville, qui existe encore même si elle a changé (elle s'est agrandie). Je me souviens d'une boutique assez petite, d'une libraire très gentille qui s'est penchée ou accroupie devant moi pour me poser des questions : quel âge avais-je? qu'est-ce que j'aimais lire? J'étais intimidée, mon père souriait à côté de moi. Du livre acheté je n'ai aucun souvenir. De la librairie et du moment, si.
Et pour ceux qui se poseraient la question, ma mère a eu son permis. Je la revois s'approchant de la voiture avec son papier rose, sésame pour le permis, un grand sourire aux lèvres. Moi j'avais un livre, c'était bien mieux. Et elle a bien ri en apprenant qu'entre une glace et un livre, j'avais choisi un livre. Eh oui, j'étais déjà anormale.
N'allez pas croire cependant que mes parents étaient des familiers des librairies : ma mère achetait mes Martine hebdomadaires au centre commercial en face de la cité (librairie ou point presse? je n'en ai pas de réel souvenir). Les années qui ont suivi, les achats de livres se faisaient :
- en supermarché (j'ai évoqué mes achats de Alice en Bibliothèque verte avec un énorme billet de 50 ou 100 francs) ;
- en point presse;
- à l'épicerie du village : quelques livres perdus dans les magazines, c'est là que j'ai eu un Robinson Crusoë en version "album pour enfants", ce qui a valu au chien que nous avons eu peu de temps après de s'appeler Robinson.
- dans les rayons librairie de magasins tels que Monoprix ou les Nouvelles Galeries. Pour ceux qui connaissent ma ville, quand j'étais enfant, l'actuel rayon hygiène et soin était une enclave dédiée aux livres et aux disques, une sorte de pièce à part. Elle a survécu jusqu'aux années 1990, je pense.
Outre la librairie jeunesse, il y a eu une autre expérience. Je pense que j'avais quelque chose comme dix ans. Pour des raisons liées à son métier, mon père allait une fois par an à Angers, ou plutôt dans les alentours. Aller-retour dans la journée, avec déjeuner à Angers. Une année, je ne sais pourquoi, je suis allée avec lui. Et à Angers, mon père m'a proposé d'aller dans une librairie, connaissant mon amour des livres. Je n'ai aucun souvenir précis, sinon celui, émerveillé, d'un lieu immense à mes yeux de petite fille, avec des étages différents, ou peut-être simplement des niveaux. C'était gigantesque, c'était merveilleux, il y avait des livres à n'en plus finir, une caverne d'Ali Baba. Nous avons reparlé des années durant, avec mon père, de cette librairie. Là encore, je suis certaine d'avoir choisi un livre, mais je n'en ai aucun souvenir. Me reste l'image d'un lieu immense dédié aux livres, rien qu'aux livres... Je suis revenue à Angers il y a quelques années : je n'ai pas cherché à trouver cette librairie, à supposer d'ailleurs qu'elle ait survécu. Je veux garder intact le souvenir.
A suivre : l'âge bête ou comment j'ai apprivoisé les librairies.
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