mercredi 21 février 2018

Journal d'Italie par David B.


Je connais évidemment David B. de nom, en tant que dessinateur qui marque l'histoire de la BD française de ces dernières décennies, de l'avènement de la "nouvelle bande dessinée", et en tant que membre fondateur de L'Association. Pourtant, je n'avais jamais lu ce qu'il fait. Je répare cette erreur et je l'aborde par les deux tomes de son Journal d'Italie. Le premier, paru en 2010, prend effectivement place en Italie, le deuxième, sorti il y a quelques semaines, se passe à Hong-Kong et à Osaka. Dans les deux, la démarche est la même, aller à la rencontre des gens et des croyances qui animent leur imaginaire, sachant que cela se croise évidemment avec les obsessions de David B.
J'avais un peu peur en abordant son univers, je l'avoue. Et j'ai été bluffée et emballée.
Le dessin est somptueux, avec des variations étonnantes de maîtrise. Parfois on est dans le croquis "sur le vif" des gens, des rues, de scènes du quotidien, et parfois dans une composition de haut vol, où l'on perçoit l'influence de la gravure, ou de l'estampe, avec un dessin qui retranscrit des visions oniriques, fantasmagoriques, parfois très effrayantes. C'est d'une beauté saisissante, et David B. utilise la page de manière toujours inventive. 
La mort est très présente dans ces volumes, ce dont il s'explique d'ailleurs (l'histoire de son frère), mais elle est pour nous lecteurs transfigurée par le dessin et la puissance de l'imaginaire de David B. Et l'on se surprend à trouver beaux mêmes les fantômes les plus effrayants... J'ai aimé être aux prises avec des croyances telles que celle qui concerne l'immeuble des fantômes à Hong-Kong, j'ai été charmée par le début du tome 1, avec cet immeuble où règnent les chats... 
Cependant, si l'imaginaire de David B. est hanté par la mort (pardon pour l'expression), il fait aussi la part belle à l'humour. C'est un sentiment de décalage dans le tome 1 (le regard sur la mafia, les rencontres étranges dans les cafés), et un humour plus appuyé dans le tome 2 : clins d'oeil à d'autres dessinateurs gentiment épinglés dans le tome 2, par exemple. 
J'ai beaucoup aimé ces deux volumes, et je me dis que j'ai tout un univers à découvrir, enfin. 

David B., Journal d'Italie, tome 1, Trieste Bologne, Delcourt, Shampooing, 2010;  Journal d'Italie, tome 2, Hong-Kong Osaka, Delcourt, Shampooing, 2018.

2 commentaires:

keisha a dit…

Jamais lu, mais ce n'est pas faute de l'avoir vu à la bibli.

Tasha Gennaro a dit…

Je te recommande ces titres en tout cas!