Présentation éditeur
Lydia
Lee, seize ans, est morte. Mais sa famille l’ignore encore…
Sa
mère, Marylin, femme au foyer, rêve que sa fille fasse les études de médecine
qu’elle n’a pas pu accomplir. Son père, James, professeur d’université
d’origine chinoise, a tant souffert de sa différence qu’il a hâte de la
retrouver parfaitement intégrée sur le campus.
Mais
le corps de Lydia gît au fond d’un lac.
Accident,
meurtre ou suicide ? Lorsque l’adolescente est retrouvée, la famille Lee,
en apparence si soudée, va devoir affronter ses secrets les mieux gardés. Des
secrets si longtemps enfouis qu’au fil du temps ils ont imperceptiblement
éloigné ses membres, creusant des failles qui ne pourront sans doute jamais être
comblées.
Ce que j’en pense
A mon sens, ce roman noir se rattache
à la veine souvent signalée dans les médias britanniques du « domestic
suspense » : ces romans, souvent écrits par des femmes, trouvent
plutôt un public féminin (bien qu’aucune étude de réception n’ait été menée, à
vrai dire), et explorent à travers une intrigue criminelle les méandres de la
vie familiale et conjugale, les affres du couple et autres aspects de la psyché
humaine au sein du microcosme qu’est la famille. Ces lectures en vogue ne sont
pas forcément ce que je préfère, mais j’admets que ce sont souvent des
mécaniques romanesques bien huilées, qui disent probablement des choses des
angoisses de nos sociétés occidentales.
Et pourtant… Ce roman ne prend pas
des allures de suspense, de thriller. Certains pourraient discuter son
rattachement à la catégorie du polar, même s’il y a une adolescente morte, des
enquêteurs et une famille qui veut découvrir la vérité. C’est en revanche un
pur roman noir. Le drame que vit cette famille vers la fin des années 1970, c’est
celui d’une Amérique corsetée dans son idéal blanc et masculin ; c’est le
drame d’une mère et d’une épouse qui avait rêvé d’une autre vie ; c’est
celui d’un père brillant mais sans cesse renvoyé à ses origines asiatiques ;
c’est celui de trois enfants qui héritent des fardeaux de leurs parents et qui
tentent d’exister envers et contre tout, sans toujours y parvenir. Sous les
dehors d’un domestic suspense banal, Celeste Ng propose un portait en noir d’une
Amérique qui refuse de reconnaître la place des femmes, qui refuse d’admettre
qu’elle n’est pas WASP, qui méconnaît la différence sexuelle. Tous ces blocages
prennent le visage d’être profondément aliénés, assujettis à une norme sociale
qui les étouffe, les empêche de vivre.
C’est ainsi que Tout ce qu’on ne s’est
jamais dit est un roman noir passionnant et tragique, traversé de personnages
forts, pas toujours aimables.
Encore une belle découverte de
Sonatine…
Celeste Ng, Tout ce qu’on ne s’est jamais dit (Everything I Never Told You), Sonatine, 2016. Traduit de l’anglais
(Etats-Unis) par Fabrice Pointeau. Publication originale : 2014.
Disponible en ebook.
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