Présentation éditeur
Il neige dru sur Belfast lorsque, tôt le matin, Karl Kane,
allant chercher le lait devant sa porte, y trouve aussi une main sectionnée. La
deuxième à se matérialiser dans la ville en quelques semaines. Que signifient
ces macabres cartes de visite ? Attiré par la récompense substantielle qu’offre
un homme d’affaires inquiet pour la réputation de la ville, Kane enquête. Un
caïd local, brute impitoyable qui contrôle la drogue et la prostitution,
retient son attention. De bars crapoteux, où des clients à la sexualité
incertaine n’hésitent pas à sortir leur couteau, en bordels lamentables, Kane
aborde une nouvelle descente en enfer. Son humour caustique et son code moral
inaltérable ne seront pas de trop pour affronter l’épreuve.
Ce que j’en pense
Mon goût pour la série que Sam
Millar consacre au privé Karl Kane se confirme avec Un sale hiver. J’ai aimé
retrouver Karl et Naomi, et je pense même avoir préféré cet opus au précédent
(que j’avais pourtant beaucoup aimé), sans doute parce que Karl est moins
directement impliqué. Le roman démarre sur les chapeaux de roue et le rythme,
sans être frénétique (ce qui me déplairait), est intense, on ne voit ni le
temps ni les pages défiler. Pas de temps mort, de faux répits, tout cela fait
un roman passionnant.
Les citations mises en exergue
des chapitres et les titres de ces derniers rappellent constamment que Sam
Millar, avec cette série, entend se situer dans la lignée des grands du noir, à
la fois en littérature (mention spéciale à Raymond Chandler) et au cinéma. De
fait, il y a un petit côté classique dans ce roman noir, pour le plus grand
plaisir de l’amateur de hardboiled. Karl Kane est un de ces privés comme on les
aime, caustique, désabusé, cabossé et totalement irrésistible. Quant à sa
compagne Naomi, elle ne joue pas les utilités, elle botte les fesses de son
casse-cou préféré et sort les griffes quand il le faut. Ce n’est pas le moindre
des mérites de cette série que de faire une place à la sensualité de ce couple
que beaucoup jugeraient mal assorti.
Et puis il y a ce côté noir que j’aime
tant : les salauds ne sont pas ceux que l’on croit, les meurtriers sont souvent
des êtres ravagés par la douleur ou démolis par des choix de vie contestables. Les
vrais salauds portent l’uniforme et/ou arborent le sourire faux des
politiciens, dans une Belfast qui ne peut panser ses plaies. Comment ne pas
adhérer à une telle vision de la société ?
En tout cas, j’ai refermé Un sale
hiver avec un mélange de béatitude et de tristesse : béatitude parce que
cette lecture m’a procuré un grand plaisir, tristesse de l’avoir terminé et de
devoir attendre le prochain…
Sam Millar, Un sale hiver (Dead of Winter),
Seuil, 2016. Traduit de l’anglais (Irlande) par Patrick Raynal. Publication
originale : 2012. Disponible en ebook.
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