Présentation
éditeur
Penny Harrigan, jeune femme modèle et aspirante avocate,
travaille dans un prestigieux cabinet new-yorkais. C’est là, au détour d’un
couloir, qu’elle rencontre le magnat des médias, Linus Maxwell, venu régler les
détails de son divorce avec la star française Alouette d’Ambrosia. Le soir
même, Linus invite Penny à dîner.
Comment s’habiller lorsqu’on sort avec l’homme le plus
riche du monde ? Comment se comporter quand son hôte compte parmi ses
conquêtes les femmes les plus célèbres et les plus puissantes de la
planète ? Et pourquoi un homme comme lui invite-t-il à dîner une fille
aussi désespérément normale ? Malgré toutes ces questions, Penny passe une
soirée de rêve, et c’est le début d’un véritable conte de fées.
Notre Cendrillon des temps modernes tombe en
effet sous le charme de son chevalier servant. Amoureux platonique, celui-ci
l’enchante. Aussi, quand elle croise Alouette à Paris et que celle-ci lui
conseille de ne surtout jamais faire l’amour avec Maxwell, Penny ne comprend
d’abord pas très bien. Mais, très vite, tout s’éclaire. Maxwell voue en effet
une véritable obsession au plaisir féminin, une obsession aux conséquences
multiples et très étonnantes.
Ce que
j’en pense
Il faut
d’abord que je le dise : c’était mon premier Palahniuk. J’ai jadis calé
sur Fight Club sans me laisser tenter
depuis par d’autres titres. Orgasme m’a
intriguée par son sujet, j’avais envie d’un roman court, je l’ai donc acheté à
sa sortie, mais il a fallu attendre ce mois de juin pour que je me lance. Je
suis très partagée. J’ai beaucoup aimé certains aspects du roman, et d’autres m’ont
profondément ennuyée.
Ce qui
m’a ennuyée ? D’abord le dénouement, que je ne trouve pas assez tranché,
ni dans la noirceur ni dans le happy end. Ensuite, sans m’attendre à un roman
érotique, j’ai trouvé les scènes de sexe abominables, tant celles qui mettent
aux prises l’héroïne avec son faux prince charmant que celles qui relatent son
initiation avec Baba… Si je comprends que transformer la naïve (au début) Penny
en bout de viande ou plutôt en combinaison d’organes sexuels en proie à des
actions purement chimiques et mécaniques, j’attends autre chose des expériences
avec Baba. Au final, le sexe semble être une opération plus clinique que
mystique, et ne parlons pas de sensualité. Enfin, l’idée que l’entreprise du
faux prince charmant et authentique magnat capitaliste sème le chaos à ce point
me semble relever du Grand-Guignol…
Ce que
j’ai aimé ? Dans une certaine mesure, l’analyse idéologique de l’exploitation
capitaliste de la sexualité, ici du côté des femmes. Le sexe devient un levier
pour aliéner des consommatrices, et si le propos manque parfois de subtilité,
il reste intéressant et assez puissant. Chuck Palahniuk pousse (un peu loin) le
postulat selon lequel le système marchand exploite nos pulsions sexuelles en
les convertissant en pulsions d’achat, le tout en sexualisant chaque acte de
consommation via la publicité et le discours médiatique. Et puis l’autre aspect
que j’ai vraiment aimé, c’est, dans la première moitié du roman, la parodie de
ces romans pseudo-érotiques qui s’adressent aux femmes et leur vendent du rêve
à peu de frais : le début d’Orgasme
fait sérieusement penser au début de Fifty
Shades of Grey, de la rencontre entre la jeune nunuche débarquée de sa
province et le séduisant milliardaire à l’initiation sexuelle un peu
particulière, en passant par la chute de l’héroïne aux pieds du mâle. Pour qui
a lu le best-seller du mummy porn (le premier volume seulement en ce qui me
concerne), c’est assez jubilatoire.
Est-ce
que cela suffit à me rendre enthousiaste ? Non. Mais je ne saurais dire si
le roman m’a plu ou déçue et c’est assez déconcertant. Je verrai s’il m’en
reste quelque chose dans quelques mois.
Chuck
Palahniuk, Orgasme (Beautiful You), Sonatine, 2016. Traduit
de l’anglais (Etats-Unis) par Clément Baude. Publication originale : 2014.
Disponible en ebook SANS DRM.
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