lundi 27 juin 2016

Orgasme de Chuck Palahniuk


Présentation éditeur
Penny Harrigan, jeune femme modèle et aspirante avocate, travaille dans un prestigieux cabinet new-yorkais. C’est là, au détour d’un couloir, qu’elle rencontre le magnat des médias, Linus Maxwell, venu régler les détails de son divorce avec la star française Alouette d’Ambrosia. Le soir même, Linus invite Penny à dîner.
Comment s’habiller lorsqu’on sort avec l’homme le plus riche du monde ? Comment se comporter quand son hôte compte parmi ses conquêtes les femmes les plus célèbres et les plus puissantes de la planète ? Et pourquoi un homme comme lui invite-t-il à dîner une fille aussi désespérément normale ? Malgré toutes ces questions, Penny passe une soirée de rêve, et c’est le début d’un véritable conte de fées.
Notre Cendrillon des temps modernes tombe en effet sous le charme de son chevalier servant. Amoureux platonique, celui-ci l’enchante. Aussi, quand elle croise Alouette à Paris et que celle-ci lui conseille de ne surtout jamais faire l’amour avec Maxwell, Penny ne comprend d’abord pas très bien. Mais, très vite, tout s’éclaire. Maxwell voue en effet une véritable obsession au plaisir féminin, une obsession aux conséquences multiples et très étonnantes.

Ce que j’en pense
Il faut d’abord que je le dise : c’était mon premier Palahniuk. J’ai jadis calé sur Fight Club sans me laisser tenter depuis par d’autres titres. Orgasme m’a intriguée par son sujet, j’avais envie d’un roman court, je l’ai donc acheté à sa sortie, mais il a fallu attendre ce mois de juin pour que je me lance. Je suis très partagée. J’ai beaucoup aimé certains aspects du roman, et d’autres m’ont profondément ennuyée.
Ce qui m’a ennuyée ? D’abord le dénouement, que je ne trouve pas assez tranché, ni dans la noirceur ni dans le happy end. Ensuite, sans m’attendre à un roman érotique, j’ai trouvé les scènes de sexe abominables, tant celles qui mettent aux prises l’héroïne avec son faux prince charmant que celles qui relatent son initiation avec Baba… Si je comprends que transformer la naïve (au début) Penny en bout de viande ou plutôt en combinaison d’organes sexuels en proie à des actions purement chimiques et mécaniques, j’attends autre chose des expériences avec Baba. Au final, le sexe semble être une opération plus clinique que mystique, et ne parlons pas de sensualité. Enfin, l’idée que l’entreprise du faux prince charmant et authentique magnat capitaliste sème le chaos à ce point me semble relever du Grand-Guignol…
Ce que j’ai aimé ? Dans une certaine mesure, l’analyse idéologique de l’exploitation capitaliste de la sexualité, ici du côté des femmes. Le sexe devient un levier pour aliéner des consommatrices, et si le propos manque parfois de subtilité, il reste intéressant et assez puissant. Chuck Palahniuk pousse (un peu loin) le postulat selon lequel le système marchand exploite nos pulsions sexuelles en les convertissant en pulsions d’achat, le tout en sexualisant chaque acte de consommation via la publicité et le discours médiatique. Et puis l’autre aspect que j’ai vraiment aimé, c’est, dans la première moitié du roman, la parodie de ces romans pseudo-érotiques qui s’adressent aux femmes et leur vendent du rêve à peu de frais : le début d’Orgasme fait sérieusement penser au début de Fifty Shades of Grey, de la rencontre entre la jeune nunuche débarquée de sa province et le séduisant milliardaire à l’initiation sexuelle un peu particulière, en passant par la chute de l’héroïne aux pieds du mâle. Pour qui a lu le best-seller du mummy porn (le premier volume seulement en ce qui me concerne), c’est assez jubilatoire.
Est-ce que cela suffit à me rendre enthousiaste ? Non. Mais je ne saurais dire si le roman m’a plu ou déçue et c’est assez déconcertant. Je verrai s’il m’en reste quelque chose dans quelques mois.


Chuck Palahniuk, Orgasme (Beautiful You), Sonatine, 2016. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clément Baude. Publication originale : 2014. Disponible en ebook SANS DRM.

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