Présentation (éditeur)
Milieu
des années quatre-vingt-dix. Le jeune Billy Graves est flic au sein d'une
brigade anticriminalité de l'un des pires districts du Bronx. Il fait partie
d'un groupe de policiers prometteurs, les Wild Geese, et une carrière brillante
lui semble assurée. Jusqu'au jour où il tire accidentellement sur un gamin.
L'affaire, fortement médiatisée, lui vaut d'être mis au placard quelque temps.
Aujourd'hui,
Billy est devenu chef d'une équipe de nuit du NYPD. Son quotidien : sillonner
les rues de New York, de Wall Street à Harlem, pour en assurer la sécurité,
même s'il sait que certains criminels passeront toujours au travers des mailles
du filet. Ces derniers, il les surnomme les « whites », ceux qui s'en sortent
blancs comme neige. Chaque policier en a un qui l'obsède.
Puis
vient un appel qui change tout : un meurtre a eu lieu à Penn Station. Et la
victime n'est autre que le white d'un de ses anciens coéquipiers. Lorsqu'un
autre white est assassiné, Billy commence à s'interroger : quelqu'un serait-il
en train de régler ses comptes ? Et qui est cet homme qui, soudainement, paraît
s'intéresser à sa femme et à ses enfants, au point de les suivre en filature ?
Ce que j’en pense
J’avais tenté il y a des années de
lire un roman de Richard Price, et j’avais calé… et j’ai bien cru qu’il en serait de même
avec The Whites. Oui, je ne sais
pourquoi, j’ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman, et si je le précise,
c’est parce que je suis contente d’avoir patienté, ayant en tête les avis très
élogieux que j’avais lus et qui émanaient de lecteurs en qui j’ai toute
confiance. Oui, je suis contente parce qu’au bout d’une centaine de pages, j’ai
été emportée et je n’avais plus la moindre envie de lâcher le livre. Dès les
premières pages j’avais été soufflée par l’écriture : je ne peux juger de
la qualité de la traduction, mais j’ai aimé le côté sec, brut de la narration,
et le caractère percutant des dialogues qui sonnent toujours juste. Il m’a
fallu plus de temps pour entrer dans l’intrigue, parce que je ne comprenais pas
très bien ce qui liait les personnages de flics, je ne comprenais pas davantage
qui était ce Milton Ramos… Mais quand les fils commencent à se nouer, toute
l’ampleur du roman se dévoile. J’ai été secouée par ce portrait de groupe, même
si le roman se focalise sur Billy Graves et Milton Ramos. Ce qui lie les uns,
isole l’autre, c’est somme toute le même sentiment d’être victime et bourreau,
tour à tour ou en même temps. The Whites, ce sont ces meurtriers dont la
culpabilité ne fait aucun doute mais qui s’en tirent, commençant par là même à
hanter ceux qui n’ont rien pu faire pour les mettre hors circuit : nos
flics ont leurs whites, tous, y compris Milton Ramos… Entrelacés à ce
questionnement sur la culpabilité, l’injustice, des portraits et des scènes du
quotidien ordinaire de Billy, flic de nuit dans la grande Cité ; autant d’instantanés
de la misère – économique, sociale – et de l’impuissance face à ces vies
souvent broyées. J’ai parfois pensé à Shannon Burke (911), à Scorsese (avec qui
Price a travaillé) pour cette manière d’évoquer la faune qui peuple cette
ville. La construction du roman est magistrale, l’effet de crescendo
extraordinaire ; Milton Ramos pourrait échapper à la tragédie, quand il
pense qu’une autre vie est possible, mais comme dans toute bonne tragédie, le
personnage est coupable d’hubris, et tout se referme alors. Tout est prêt pour
un dénouement qui m’a stupéfiée : je ne peux en dire plus mais cette scène
dans la maison de Billy, avec Carlos, comme étranger à ce qui se passe autour
de lui, Milton, qui acquiert dans ce moment précis une folle humanité, m’a
époustouflée. C’est tragique, beau, terrible.
Vous l’aurez compris, The
Whites est à lire absolument.
Richard Price, The
Whites (The Whites), Presses de
la Cité, 2016. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Martinache.
Publication originale : 2015.
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