Présentation (éditeur)
Mauvaise
idée de sortir seul quand on est blanc et qu’on ne connaît rien ni personne à
Lagos ; Guy Collins l’apprend à ses dépens, juste devant le Ronnie’s, où
il découvre avec la foule effarée le corps d’une prostituée aux seins coupés.
En bon journaliste, il aime les scoops, mais celui-là risque bien de lui coûter
cher : la police l’embarque et le boucle dans une cellule surpeuplée, en
attendant de statuer sur son sort.
Le
sort, c’est Amaka, une splendide Nigériane, ange gardien des filles de la rue,
qui, le prenant pour un reporter de la bbc, lui sauve la mise, à condition
qu’il enquête sur cette vague d’assassinats. Entraîné dans une sombre histoire
de juju, la sorcellerie du cru, notre journaliste à la
manque se demande ce qu’il est venu faire dans cette galère, tandis qu’Amaka
mène la danse en épatante femme d’action au milieu des notables pervers.
Hôtels
chics, bars de seconde zone, jungle, bordels, embouteillages et planques en
tout genre, Lagos bouillonne nuit et jour dans la frénésie highlife ; les riches font tinter des coupes de champagne sur Victoria
Island pendant que les pauvres s’entretuent à l’arme lourde dans les bas
quartiers.
Un polar survolté et drôle qui plonge au cœur de la ville
africaine à la vitesse d’un tir de kalachnikov. Le Nigéria n’a jamais été aussi
près de Tarantino.
Ce que j’en pense
Devant les avis enthousiastes de
Nyctalopes et de Jean-Marc Laherrère, je n’ai pas hésité : Lagos Lady a rejoint mes nouveautés en
un clin d’œil. Envie de changer d’horizon polareux, promesse d’un polar
trépidant et efficace avec un zeste d’humour, tout était fait pour me séduire.
Attendais-je trop ? En tout cas je n’ai pas été tout à fait convaincue.
Tout commençait bien : un démarrage bien noir, des personnages posés efficacement,
une peinture sociale et politique, puisque le journaliste envoyé à Lagos doit
faire un reportage sur les élections qui vont se dérouler.
Si la peinture sociale est bien
là, la piste ouverte des élections se referme aussitôt. Néanmoins je ne peux
prétendre que Lagos Lady n’est pas à
la hauteur, l’évocation de la criminalité galopante sur fond de misère et
d’ignorance, le triste constat d’une corruption généralisée et d’une soumission
forte aux pouvoirs de l’argent, la prostitution comme corrélat de la pauvreté
chez les femmes, tout est là, et l’auteur fait le portrait sans concession
d’une société nigériane urbaine livrée au pire.
Les personnages sont bien posés,
mais à part la belle héroïne à la noble cause, qui est assez convaincante, je
n’ai pas beaucoup aimé les autres personnages, et surtout pas Guy, narrateur et
protagoniste essentiel, à la naïveté alarmante pour un journaliste ex-avocat.
Le personnage m’a agacée de bout en bout, je l’avoue.
Mais cela ne serait pas très
grave et n’aurait pas provoqué d’impression négative s’il n’y avait ce
dénouement… Du noir on sombre à mon sens dans le grand n’importe quoi, avec un
retournement de personnage dont je ne peux rien dire pour ne pas vous gâcher le
plaisir, retournement auquel je ne crois pas un instant, et qui m’a semblé
plutôt motivé par la nécessité narrative, celle d’avoir un dénouement qui
permettra une suite.
N’allez pas croire cependant que
j’ai passé un mauvais moment : Lagos
Lady est efficace, trépidant, accrocheur. Simplement, je n’adhère pas à l’issue
choisie par l’auteur et cela suffit à me faire dire que je ne lirai pas la
suite de ce polar, puisque je suppose qu’il y en aura une.
Leye Adenle, Lagos Lady (Easy Motion
Tourist), Métailié Noir, 2016. Traduit de l’anglais (Nigeria) par David
Fauquemberg. Publication originale : 2015. Disponible en ebook SANS DRM.
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