Présentation
(éditeur)
Plongé
dans la lecture du Chant de Noël de
Dickens, le shérif Walt Longmire voit surgir à la porte de son bureau une jeune
femme élégante, cicatrice au front et mille questions en tête à propos de son
passé et de l'ancien shérif, Lucian Connally. Mais impossible pour le vieil
homme de se rappeler cette femme jusqu'à ce qu'elle prononce le nom de
"Steamboat". Tous replongent alors dans les souvenirs du Noël 1988 :
une tempête de neige apocalyptique, un accident de la route meurtrier, et un
seul moyen d'intervenir, un bombardier datant de la Seconde Guerre mondiale
appelé "Steamboat" et que Lucian est seul capable de piloter.
Ce que j’en
pense
J’ai
l’habitude d’avoir un nouveau Craig Johnson au printemps, voire à la sortie de
l’hiver, aussi ai-je été surprise de voir Steamboat chez le libraire. Autre belle
surprise, voir qu’il était sorti en numérique, Gallmeister ayant des réticences
légitimes face au numérique. J’ai donc acheté le livre papier puis la version
numérique!
Ces
considérations mises à part, je dois dire que j’ai compris pourquoi Gallmeister
avait sorti Steamboat à cette
période, alors qu’il n’est même le suivant dans la liste des Walt Longmire. Steamboat a un statut un peu à part dans
la série, sur lequel Craig Johnson s’explique à la fin du volume. D’abord prévu
pour être une nouvelle, le texte s’est allongé pour devenir un court roman,
peut-être ce que certains appelleraient une novella. Et l’ensemble a des
allures de conte de Noël, d’où la pertinence d’une sortie en décembre. Je dois
dire que je ne suis pas fan de Noël et encore moins des contes de Noël, ou de
ces romans qui livrent une version dramatisée mais pleine de bonheur de Noël… Disons que je ne suis pas sensible à cette tradition très
anglo-saxonne. Bref…
Je savais que Steamboat n’était pas vraiment un polar,
pour avoir lu des chroniques. Cela m’était bien égal et je n’ai pas été déçue.
J’ai aimé ce
flash-back (par rapport aux volumes habituels) qui met en scène, bien plus que
d’habitude, Lucian, le vieux bougon de service. J’ai aimé que Craig Johnson me
fasse vibrer alors que, somme toute, il n’y avait pas de suspense quant à
l’issue (je veux dire qu’on sait que les différents protagonistes ne vont pas
mourir). J’ai été stupéfaite que l’auteur parvienne à m’intéresser au
fonctionnement de l’avion (est-il besoin de préciser que je n’y connais rien?).
Mais de fait, je ne pouvais pas lâcher le roman. Ces histoires de pression, de
portes ouvertes, le tout dans une tempête inouïe, cela m’a accrochée comme
rarement…
Et surtout il y
a l’humanité de cet univers. Lucian prend une épaisseur incroyable, son sale
caractère m’enchante, parce qu’il n’est que le masque d’un type bien. Le moment
jubilatoire a été pour moi celui où, sûr de son fait et n’en faisant qu’à sa
tête, il dit à la tour de contrôle de Denver que si si si, il va bien atterrir
sur la piste 26 (j’espère ne pas me tromper de numéro) et que le fait qu’il y
ait des déneigeuses et des congères en travers ne lui fait ni chaud ni froid.
Walt est Walt, je ne m’attarde pas, mais c’est mon shérif préféré, ici dans
ses débuts à son poste. Il y a un nuage au-dessus de sa tête, pas encore perçu
comme tel par le personnage mais qui serre le coeur du lecteur: sa femme doit
consulter un médecin… Il y a toute une galerie de personnages dotés d’une folle
épaisseur, notamment le toubib qui a eu le courage d’embarquer auprès de la
petite fille dont le pronostic vital est engagé. Et il y a les personnages
féminins de Craig Johnson, loin des caricatures que l’on croise parfois dans
les polars…
Lucian est une tête de mule et cela évite un final dégoulinant comme un mauvais auteur aurait
pu en faire. Pas de pathos, pas de retrouvailles larmoyantes, mais un Lucian
amnésique à point nommé, le Lucian qui a laissé son blouson d’aviateur à la petite
blessée et qui ne veut pas le reprendre. Il y a au final un lecteur qui referme
le livre (ou qui éteint la liseuse) le sourire aux lèvres, un sourire apaisé,
plein de gratitude pour un auteur qui sait raconter des histoires comme
personne, et qui embellit un peu un monde qui en a bien besoin…
Craig Johnson, Steamboat (Spirit of Steamboat), Gallmeister, 2015. Traduit de l’anglais
(Etats-Unis) par Sophie Aslanides. Publication originale: 2012. Disponible en
numérique.
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