dimanche 19 juillet 2015

Catharsis de Luz



Il en va du 7 janvier 2015 comme du 11 septembre 2001: un choc, un bouleversement dans la vision du monde. Evidemment, Catharsis de Luz est directement lié à tout cela, et l’on retrouve dans l’album la catharsis du titre. Certaines planches font rire ou sourire, d’autres bouleversent tout simplement. Il y a l’impossibilité de dessiner et la sidération qui laisse sans mots et sans forme, si je puis dire; il y a la douleur, il y a l’amour. Le dessin exprime de façon saisissante et bouleversante l’émotion, le sentiment: horreur, amour, douleur, on passe de l’un à l’autre, car il n’est pas question d’exercer ici le regard du dessinateur exercé à l’analyse et à la compréhension. Pour Luz, il n’y a pas ici de volonté d’analyse, juste la restitution de la douleur et du manque : manque de ceux qui sont partis, absence du dessin. 
Mais ce que permet cette catharsis et ce dont j’ai envie de parler ici, c’est de cette renaissance au dessin. Le dessin de presse, le caractère jeté d’un trait qui réagit à l’actualité et l’analyse font parfois oublier le talent des dessinateurs, l’étendue de leur palette et la diversité de leurs ressources. Luz démontre par Catharsis qu’il est un excellent dessinateur, doté d’un sens graphique remarquable, capable d’explorer. 

D’un dessin perdu sous le choc, on passe à un dessin qui se cherche, dans le caractère « brouillon », dans les techniques ou dans le tribut aux aînés. Les planches brouillonnes montrent en réalité un sens graphique très évocateur, et le dessin perdu se cherche.

De la tétanie du dessin, des sentiments, on passe à une renaissance au dessin et à un retour à l’amour: l’album Catharsis en est la chronique, étourdissante au final de maîtrise, bouleversante.   
                                            
Luz a depuis quitté Charlie Hebdo, incapable de faire face à l’absence. Catharsis marque le début d’une autre carrière, assurément.


Luz, Catharsis, Futuropolis, 2015. Disponible en e-book. 

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