samedi 10 novembre 2018

Un petit ralentissement en septembre 2018

Nicole Krauss, Forêt obscure, Editions de l'Olivier
Roman de la rentrée littéraire. J'aime tous les romans de Nicole Krauss, et celui-ci m'a emmenée. 

Janet Evanovich, Y a pas 18 solutions, Fleuve Noir
Je ne me lasse pas de cette série de polars pour de rire, de sa galerie de personnages. Comme Darynda Jones, une récréation dont je n'ai même pas honte. 

Boris Quercia, Les rues de Santiago, Asphalte
Il patientait dans mon stock depuis sa sortie, imaginez... J'ai tant aimé que les deux autres patientent dans mon stock. 

David Lagercrantz, Ce qui ne me tue pas, Actes Sud, Actes Noirs
4ème tome de Millenium. Voilà, quoi. Pas une infamie, mais très très dispensable. 

Antoine Chainas, Empire des chimères, Gallimard Série noire. 
J'en ai dit le plus grand bien: "Chainas, à mes yeux, est l'un des plus grands auteurs (de noir) actuellement. Chaque nouveau roman prend en puissance par rapport au précédent, et Empire des chimères m'a un peu scié les pattes, sachant que Pur, il y a quelques années, m'avait déjà éblouie. 
J'avais dit que j'avais quelques réserves, je commence par là, puisqu'en réalité c'est UNE réserve, très ponctuelle. En commençant le roman je me suis dit "nom de zeus que ce type écrit bien!" Mais je dois dire que par instants, certes fugitifs, certains traits d'écriture m'ont paru un peu affectés. Mais foin de cette minuscule réserve, elle ne pèse rien par rapport au séisme qu'est le roman. J'ai commencé le roman vendredi soir et à la fin du week-end c'était plié. Etant donné que ce n'est pas exactement une novella, je le signale... Pas question de s'endormir sur le Chainas, impossible même.
Par quoi commencer pour expliquer ce que j'ai ressenti? Le roman a quelque chose d'insaisissable : il peint cette France des périphéries, ces lieux entre ville et campagne (mais plutôt campagne quand même), où un contrôle social s'exerce sans relâche. Il se lance sur la piste d'une disparition de fillette, sans ressembler ni de près ni de loin à ces thrillers (les "trileurs", spéciale dédicace à Stefanie Delestré) qui brillent sur les étals des libraires (j'ai rien contre, hein, m'insultez pas, c'est juste que je n'aime pas ça). Il évoque la guerre d'Algérie, ou non, attendez, les années 1980. Il bifurque vers une magouille immobilière tout en peignant l'univers des industries culturelles de masse. Il est tout cela et rien à la fois, rien de monolithique et pourtant tout est parfaitement cohérent. 
Et ce caractère protéiforme est servi par une construction redoutable. Nous suivons plusieurs personnages, parfois à des milliers de kilomètres, mais reliés malgré tout. Chacun a un point de vue, construit avec une précision qui nous les donne à voir, à ressentir, si je puis dire. Pour ma part, j'ai été touchée par Jérôme et Cindy plus que par les autres, mais chaque voix ou plutôt chaque point de vue est singulier. La construction virtuose mène à un dénouement qui laisse bouche bée, pas parce qu'il y aurait des retournements abracadabrants, mais parce qu'il confirme la maîtrise totale de l'auteur, sa capacité à nous accompagner jusqu'au bout sans jamais nous avoir égarés. 
La scène sacrificielle (chut!), par le feu, est l'une des plus puissantes qu'il m'ait été donné de lire depuis des siècles. J'ai retrouvé certains motifs habituels chez Chainas, notamment le rapport au corps, au corps souffrant, corps individuel et corps social. Et il y a ce recours au fantastique, ou bien est-ce de la science-fiction? Je ne sais pas. Roman noir, SF, fantastique, Empire des chimères est un roman total éblouissant. 
Maintenant vous faites ce que vous voulez, mais si j'étais vous, je saurais quoi lire."


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