Présentation (éditeur)
Isaac, un jeune Africain, est venu aux États-Unis dans le cadre d'un programme d'échange universitaire. Ni Helen, la jeune assistante sociale qui tombe amoureuse de lui, ni le lecteur ne connaissent son vrai nom : il l'a laissé derrière lui, en Ouganda, avec les promesses d'une révolution réprimée dans le sang par la future dictature, abandonnant aussi son ami le plus cher.
Du chaos de l'Afrique à la solitude du Midwest, dans une Amérique déchirée entre la guerre du Vietnam et la lutte pour les droits civiques, l'écriture intimiste et mélancolique de Dinaw Mengestu, mêlant les voix d'Helen et d'Isaac, saisit les paradoxes de l'Histoire et de la nature humaine avec une force et une intelligence peu communes.
Ce que j'en penseIl y a des années de cela, j'avais été bouleversée par Les belles choses que porte le ciel et j'abordais Tous nos noms avec un mélange de confiance et d'appréhension. Il ne m'a pas fallu longtemps pour être prise par ce récit. Les deux récits menés en parallèle évoquent l'exil, car Isaac connaît un premier exil sur le continent qui l'a vu naître, en Ouganda, puis un exil aux Etats-Unis. Nous sommes dans les années 1970 et les deux pays connaissent, à des titres et des degrés divers, des bouleversements politiques. Révolutions ratées et conflits civils post-indépendance en Ouganda, populations terrorisées, climat social tendu: le jeune homme est un témoin légèrement en retrait de tous ces évènements. Il devra son exil et son nouveau nom au refus de quitter le pays de l'autre Isaac, celui avec qui il s'est lié d'amitié aux abords de l'université et qui joue un rôle d'agitateur dépassé par ses propres engagements. J'avoue avoir dû regarder ce qu'il en était des évènements politiques ougandais de l'époque, étant peu familière de l'histoire de ce pays. La partie américaine était plus simple à aborder. Isaac y est pris en charge par Helen, une assistante sociale dont nous avons cette fois le point de vue. Isaac et Helen ne tardent pas à avoir une liaison, socialement inacceptable dans une Amérique qui ne parvient pas à se débarrasser de la ségrégation, du moins dans les faits. La scène du diner est terrible. A travers ses deux personnages, Dinah Mengestu brosse le portrait de cette Amérique du début des années 1970, embourbée dans le conflit au Vietnam et dans ses propres archaïsmes.
Tout cela serait déjà intéressant en soi mais comme dans son premier opus, Dinaw Mengestu donne de la force à son histoire par les sentiments, troubles, complexes, mouvants. Isaac est un personnage difficile à cerner, profondément marqué par les évènements sombres en Ouganda, et qui porte une amitié indéfectible à l'autre Isaac. Mais de ses sentiments pour Helen nous ne saurons pas grand-chose. Helen est un très beau personnage, que j'ai aimé dans ses rapports à sa mère comme dans sa relation à Isaac. J'ai trouvé Tous nos noms plus sombre que Les belles choses que porte le ciel : il était tragique mais il était aussi lumineux. Tous nos noms m'a semblé plus désespéré, plus amer. Je n'ai pas été bouleversée cette fois-ci, mais je ne boude pas mon plaisir. Dinah Mengestu est un auteur intriguant que je continuerai à suivre.
Dinah Mengestu, Tous nos noms (All our Names), Albin Michel, 2015. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Michèle Albaret-Maatsch. Publication originale: 2014.
2 commentaires:
il était gros, hein ? je l'ai croisé souvent ci et là, j'ignorais tout du précédent roman. Celui-ci est donc plus sombre .. allez, je le lirai en 2019 car mon agenda est déjà plein pour cette année ;-)
Hi hi! J'adore cette idée de commencer à remplir l'agenda lecture 2019!!!
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