Ancienne couverture de l'édition Folio |
Présentation éditeur
Le
narrateur part à la recherche de son père. Le voici dans un village, en bordure
de la forêt de Fontainebleau, du temps de l'occupation, au milieu d'individus
troubles. Qui est ce père ? Trafiquant ? Juif traqué ? Pourquoi se trouve-t-il
parmi ces gens ? Jusqu'au bout le narrateur poursuivra ce père fantomatique.
Avec tendresse.
Ce que j’en pense
Lire ou relire Modiano, c’est toujours un bonheur pour moi.
Les boulevards de ceinture, c’est l’un des premiers romans de Modiano, et comme
on connaît désormais mieux sa trajectoire et son histoire (tout est relatif),
le roman prend une résonance particulière. C’est une histoire qui n’en est pas
vraiment une, avec un narrateur qui cherche à connaître un père qui ne l’a pas
vraiment élevé, et qui d’ailleurs ne le reconnaît pas ou feint de ne pas le
reconnaître, comment savoir ?
Je retrouve ce que j’aime tant chez Modiano : cette
capacité de faire surgir des fantômes, de redonner vie à des lieux parfois
disparus, à des époques troubles et révolues. C’est la période de l’Occupation
qui, une fois encore, est dessinée, avec sa faune étrange de magouilleurs, d’opportunistes
et d’authentiques raclures, mais des raclures qui restent humaines. Ici sont
évoqués des affairistes louches, des plumitifs abjects, des femmes qui se
laissent porter par les évènements et les hommes.
Le narrateur lui-même, très jeune
homme, se fond dans ce paysage, approche ces types pas très clairs, essaie de se
mêler à eux, mais comme son père, au fond, il reste toujours un peu en retrait,
spectateur, passif, peut-être lâche. Il est pourtant bien plus lucide que son
père, perpétuel naïf en quête de fortune, souffre-douleur de ces sales
bonshommes. L’Occupation semble loin et pourtant les dangers qu’elle charrie
sont présents à toutes les pages. J’ai lu je ne sais plus où que ce roman de
jeunesse de Modiano comportait des invraisemblances : il semblait aux
lecteurs impossible que le père ne reconnaisse pas son fils. Mais outre que
cela reste possible (car on change parfois beaucoup à l’adolescence), qui nous
dit qu’il ne le reconnaît pas ? Et le dénouement, que je ne dévoilerai pas,
reste dans les mêmes eaux troubles. L’un disparaît, l’autre pas, alors même qu’ils
sont tous les deux promis au pire. Nulle explication n’est donnée, nulle récit
n’est fait de ce qui est advenu. C’est en cela qu’on aurait tort de voir dans
Les boulevards de ceinture une manière de roman policier, comme j’ai pu le lire
çà et là. Modiano en connaît certes les codes, mais c’est un leurre : il
ressuscite des ombres, il ne cherche pas à tout éclairer, il n’explique rien.
Une fois de plus, je me suis laissé charmer par la petite
musique de Modiano, et c’était chouette d’extirper de la PAL ce roman qui y
était depuis de nombreuses années.
Patrick Modiano, Les
boulevards de ceinture, Gallimard, 1978. Disponible en poche (Folio)
Disponible en ebook.
2 commentaires:
Je n'ai jamais lu Modiano et cette fin ouverte, ce qui tu écris me fait en fait un peur .. il faudra que je me lance un jour, c'est certain !
Je pense que je pourrais te conseiller un titre pour commencer :-)
Enregistrer un commentaire