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Alors, à l'invitation de Clete Purcell, de l'excellent Nyctalopes, les 10 livres qui m’ont marquée… C’est parti.
Je commence par des lectures faites ado, entre 13 et 16 ans.
1. Jane Eyre de Charlotte Brontë, lu à 14 ans, dans un vieil
exemplaire pourri emprunté à je ne sais qui. J’ai pleuré, nom de Dieu, en
lisant ce roman, et je le signale parce que ça ne m’arrive pas souvent. Je suis
plutôt du genre à lever un sourcil agacé quand la mère de Bambi meurt. J’ai
relu ce roman deux fois depuis, sans pleurer, mais j’aime toujours autant.
2. Toujours ado, et je n’épiloguerai pas parce que j’en ai
maintes fois parlé, je suis entrée en littérature avec Quartier perdu de
Patrick Modiano. J’avais 13 ou 14 ans, et ce roman m’a bouleversée. C’est le
livre que j’ai le plus relu, et j’en retrouve toujours la magie. Modiano est l’un
de mes auteurs préférés, mais ça, vous aviez remarqué, je pense.
3. Quand j’étais au lycée, j’ai lu pour la première fois
Voyage au bout de la nuit de Céline. C’est une lecture qui m’a secouée, ça c’est
sûr. Je l’ai relu étudiante, deux fois (parce que je l’ai étudié deux fois
durant mes études de lettres). A chaque fois la relecture a été différente. La
première fois c’était le choc : la vision du monde tragique, désenchantée,
et la langue, je n’avais jamais lu ça. La deuxième fois c’était l’humour. Oui,
Céline me fait rire, de ce rire désespéré et noir… La troisième fois c’était
tout ça à la fois et plus encore. Pour la première phrase : « Ça a débuté
comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. » Et la dernière, retour au
silence : « et nous,
tout qu’il emmenait, la Seine, aussi, tout, qu’on en parle plus. »
(ouais, je les sais par cœur) Magistral.
4. Maintenant je vais ma grosse frimeuse : Proust, A la
recherche du temps perdu. Ouais, en entier. Un prof de français m’a fait lire
en 4ème Un amour de Swann. En seconde, j’ai commencé la Recherche,
et bien sûr, je n’ai pas tout lu d’un coup, j’ai lu la Recherche sur les années
lycée. J’au relu depuis Du côté de chez Swann. Il y a tout chez Proust, mais il
y a notamment un truc qu’on oublie parfois : un regard satirique sur la
mondanité qui me poile carrément. Oui, comble du snobisme : je me marre en
lisant Proust.
5. La position du tireur couché de Manchette. Je pourrais
dire tout Manchette. Pour moi, c’est l’un des plus grands, et le style, nom de
Zeus, le style au cordeau. Mais je cite celui-ci parce que c’est le dernier qu’il
ait terminé et le premier que j’ai lu. A l’époque je vivais en Sologne, et
croyez-moi, lire ce roman par une nuit désolée dans la campagne solognote, c’est
une sacrée expérience. Martin Terrier me bouleverse, il y a dans ce roman une
force tragique qui me sidère.
6. L’équipée malaise de Jean Echenoz. J’ai découvert Echenoz
par Manchette, ben oui. Et si je cite ce roman précisément, c’est parce que
quand je l’ai commencé, j’ai oublié, littéralement, pendant environ 80 pages,
que c’était d’Echenoz (dont j’avais déjà lu deux ou trois romans). J’avais la
conviction, je vous assure, que c’était écrit par Manchette, j'ai quasiment sursauté en refermant le livre et en voyant le nom de l'auteur. Je n’ai jamais osé
le relire, de peur de ne pas revivre ça. Mais cette curieuse expérience, une
sorte de quiproquo de lecture, m’a beaucoup marquée.
7. La Sirène rouge de Maurice G. Dantec. Le premier Dantec,
le premier que j’ai lu. Celui qui m’emporte à tous les coups, qui me fait
vibrer. Un surhomme, Toorop, une super méchante qui va mourir dans les flammes,
un style épique stupéfiant, les codes du noir exhibés. J’adore.
8. Dans la brume électrique avec les morts confédérés de
James Lee Burke. C’est Pascal Dessaint qui m’a conseillé ce roman aux alentours
de 2001, 2002, je ne sais plus. Je l’ai lu dans un train qui m’emmenait vers
Lyon, sur la ligne Bordeaux Lyon. A l’époque le trajet était interminable et se
faisait dans une micheline qui allait dans un sens, repartait dans l’autre
(dans le Massif central), et c’était l’été, les sièges en skaï orange, c’était
pas le top confort dans ce train non climatisé. Mais je m’en foutais. Je lisais
et découvrais James Lee Burke, la beauté un peu vénéneuse des paysages du Sud,
les fantômes de Robicheaux et du comédien en tournage dans le bayou. J’ai relu
deux fois ce roman depuis et je l’aime toujours autant.
9. Tout Giorgio Scerbanenco, un des plus grands aussi. J’aime
à la fois les romans qui mettent en scène Duca Lamberti et les nouvelles, qui vous
prennent aux tripes.
10. Je ne pouvais pas finir une liste de livres qui m’ont
marquée sans citer un roman qui m’a donné envie de buter son auteur. La vérité
sur l’affaire Harry Québert du très primé Joël Dicker, est pour moi une bouse
innommable. Tout est à mes yeux ridicule dans ce pavé, que j’ai écouté jusqu’au
bout parce que je n’avais que ça : j’avais acheté le livre audio juste
avant d’être opérée pour mon décollement de rétine, et il m’a tenu compagnie
pendant des jours, incapable que j’étais de lire et de voir grand-chose. L’intrigue
est tout ce que je déteste, avec retournements débiles à gogo, on suspecte tour
à tour tout le monde, au secours. Les scènes et les dialogues sont d’une connerie
abyssale, et croyez-moi, entendre le texte lu par un comédien ne laisse rien
passer. La scène où le narrateur voit pour la première fois la nana, sur la
plage, est l’une des plus navrantes qu’il m’ait été donné de lire. Et ce livre
n’a rien d’autre à dire que des platitudes monumentales sur la vie, l’amour, l’écriture.
Putain, rien de d’en reparler, je m’énerve.
Voilà voilà…
7 commentaires:
Pauvre Joel D (le bouquin m'est tombé des mains); et je suis bien d'accord, Proust, c'est drôle !!!
keisha (qui ignore si blogspot lui en veut toujours)
je t'ai répondu sur FB mais je viendrai ce soir te lire ici puisque mon boulot ne veut pas de ton blog (snif)
Je te rejoins sur "Jane Eyre" et la recherche !
@Keisha: oui, Proust, c'est marrant aussi, en plus d'être assez fabuleux à tous égards...
@Hélène : je ne suis pas surprise!
j'ai enfin le temps de me poser et lire ton billet ! oh mdr pour la partie sur Dicker - mon billet de l'époque te rejoint sur pas mal de points, la qualité très pauvre des dialogues, tous les suspects (et j'ai deviné bien avant la fin) et j'imagine le cauchemar de l'avoir en audio ! ça doit être encore plus violent et faire ressortir tous ces défauts. Mais apparemment il a fait des progrès avec son second roman et beaucoup aiment. Sinon, Jane Eyre est aussi un de mes romans préférés et je découvre tout le reste car jamais lu ni Modiano, ni Proust (tu m'épates) ! tu peux te la jouer oui ! et Céline que je dois enfin découvrir (Hajar adore aussi) j'ai acheté Voyage au bout de la nuit l'an dernier, y a plus qu'à ....
Bah regarde le temps que je mets à répondre à ton commentaire, c'est consternant... Et tu me rassures sur le Dicker, et je te confirme que c'était un cauchemar en audio... Ridicule! Mais bon, que beaucoup de lecteurs aient aimé ne me gêne pas, je me dis juste qu'ils pourraient lire tellement mieux. Pour le reste, rien d'épatant, j'étais d'un snob étourdissant. 🤓
J'ai été déçue par La sirène rouge, j'ai trouvé que c'était trop cliché, pas assez recherché, disons que je me faisais beaucoup d'espoir et d'idée sur ce livre mais j'ai été déçue. J'en ai d'autre du même auteur, qui, j'espère, me redonneront gout à cet auteur !
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