dimanche 27 mars 2016

Sagittarius (L'Alignement des équinoxes II) de Sébastien Raizer


Présentation (éditeur)
Le cerveau reptilien et le néocortex sont aux commandes, dans un univers bouillant de silicium. Des fantasmes sexuels impliquant des pieuvres géantes, des Goliaths et des cannibales deviennent réalité. Car les neurotoxines hallucinogènes de la Vipère sont encore actives : Diane Lempereur, sa dernière élève, recrute Joana, une jeune synesthète (dont les perceptions sensorielles fusionnent) ; tandis que Silver, toujours boxeuse mais nettement moins zen, est happée par le processus de la loi de l'alignement. Dans le chaos, Wolf, lieutenant de la Brigade criminelle, cherche son chemin avec l'aide de Richard Philips, l'ancien patron de Karen - la fille samouraï qui hante sa psyché. Car dans l'ombre, l'Impératrice d'Or prépare un bouleversement total. 

Ce que j’en pense
Il est des livres que l’on attend et que l’on commence en espérant le même frisson que pour le premier volume, que l’on aborde avec crainte aussi: et si l’émotion n’était pas la même? 
Qu’en est-il? Eh bien, en refermant Sagittarius, je n’ai qu’une hâte : lire le troisième volume, annoncé pour 2017. 
J’avais trouvé L’alignement des équinoxes saisissant, et Sagittarius en tient toutes les promesses. Sébastien Raizer maîtrise de bout en bout ce récit qui entrecroise les points de vue, dans une construction virtuose. Se dessine sous nos yeux une architecture du chaos, car tout dans ce deuxième volume semble servir les projets de Diane Lempereur, élève et disciple de la Vipère: la quête des origines de Silver au Laos, Silver qui a absorbé la neurotoxine; la fuite en avant de Marc, somptueux nerd psychotique en pleine dérive, obsédé par la composition de la neurotoxine; Wolf, bien sûr, hanté par la volonté d’arrêter les projets de Diane. Face à eux, Diane, évidemment, mais aussi Joana, disciple hallucinée de l’Impératrice douée de synesthésie, mais aussi Richard Philips et Marquez, ambigus à souhait. En réalité, tous constituent un élément de la stratégie de Diane, tous parcourent le chemin vers le chaos programmé. 
Il y a du Maurice G. Dantec - le grand, celui des Racines du Mal - dans l’univers de Sébastien Raizer, mais si je dis cela, vous pourriez croire que Sagittarius n’a pas d’originalité. Or, c’est dans un univers singulier que le lecteur entre, un univers qui déroule une réflexion kaléidoscopique sur la modernité technologique, le devenir de l’humanité, mêlant philosophie et mystique. Peut-être serait-il plus juste de dire que Dantec comme Raizer représentent une forme d’héritage dickien - et il est fait référence à Philip K. Dick et à Ubik dans Sagittarius. Sagittarius pose de sacrées questions, via son univers halluciné, sur l’évolution des réseaux informatiques, sur l’avènement des intelligences artificielles, sur la subordination programmée de l’homme à la machine. 
Je ressors de cette lecture frappée par le rythme du roman, un rythme à la fois fluide et syncopé, qui accroche le lecteur ; j’ai adoré l’univers musical qui parcourt le récit, Ministry, Nick Cave, univers qui contribue largement à rendre cette lecture hypnotique, magnétique. 
Je ne demande qu’à poursuivre l’expérience. 

Un autre avis ici 


Sébastien Raizer, Sagittarius, Gallimard Série Noire, 2016. Disponible en ebook. 

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