Présentation (éditeur)
Nora ressemble à votre voisine du dessus, celle qui vous sourit chaleureusement dans l'escalier mais dont vous ignorez tout, car elle ne laisse paraître aucun désir, de peur de vous contrarier. Lorsque la belle Sirena, accompagnée de son mari et de son fils, fait irruption dans son existence d'institutrice dévouée, elle réveille un flot de sentiments longtemps réprimés.
Au fil des mois, Nora réinvente sa vie et se réinvente elle-même, projetant sur chacun des membres de cette famille ses désirs inavoués : maternité, création artistique, sensualité. Mais échappe-t-on réellement au statut de femme de second plan?
Ce que j’en pense
C’est N. qui m’a prêté ce roman il y a des semaines. Nous avions toutes les deux beaucoup aimé Les Enfants de l’empereur et je savais que je devais attendre le bon moment pour commencer ce nouvel opus de Claire Messud. Curieusement, son heure est venue un soir d’extrême fatigue où l’insomnie menaçait, et les premières pages m’ont « cueillie » et soulevée, offrant un troublant écho à l’état dans lequel je me trouvais ce soir-là: un mélange de rage et de lassitude intenses. Que je ne vive pas du tout ce que Nora vit n’avait aucune importance, son état émotionnel faisait écho au mien… J’ai lu un bon tiers du roman ce soir-là et je me suis endormie paisiblement: vertus de la littérature…
J’avais hâte de revenir à ma lecture et pas une seconde je ne me suis ennuyée. Vers le milieu il me semble toutefois qu’il y a des longueurs, mais rien de vraiment décourageant. La fin boucle parfaitement le roman, et pourtant ce n’est pas ce qui m’a le plus convaincue, je trouve presque que ça manque de force par rapport au reste: je comprends l’indignation du personnage, qui se sent trahie, mais ce n’est pas ce qui a le plus d’intérêt à mes yeux.
J’aime vraiment l’univers et l’écriture de Claire Messud, sa vision du monde. Au-delà de son personnage, Nora, et du regard qu’elle jette sur sa propre existence, la romancière contemple les Etats-Unis post-2001, mélange de violence réelle envers les personnes nées au Moyen-Orient et de cécité dramatique quant à ce qui se passe au-delà du continent nord-américain. J’ai aimé cette évocation du monde de l’art, la vie dans l’atelier, tout comme j’ai trouvé juste la façon d’évoquer les rapports de Nora à sa famille et à sa propre existence.
Je pense que je penserai longtemps à ce roman. Merci N.!
Claire Messud, La Femme d’en haut (The Woman Upstairs) Gallimard, 2014. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par France Camus-Pichon. Publication originale: 2013.
2 commentaires:
Un roman qui m'a beaucoup plu aussi (et où, comme toi, je ne me suis jamais ennuyée).
Oui, je me souviens que tu avais aimé, en effet! Et aussi que nous avons l'une et l'autre beaucoup aimé Les enfants de l'empereur.
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