mardi 16 avril 2013

Hunger Games (le film)



Ayant lu avec plaisir le premier volume de la trilogie de Suzanne Collins, j’ai eu envie de voir le film. Il me semblait que les critiques avaient été un peu tièdes en France (mais je me souviens surtout de la critique des Inrocks) et j’avais été « prévenue » par de jeunes adultes autour de moi, grands amateurs des romans, déçus par le premier volet cinématographique (l’éternel problème…).
Pourtant, j’ai été très convaincue par l’adaptation de ce premier opus, réalisée par Gary Ross (à qui on devait entre autres Pleasantville). Ce n’est pas un grand film, il ne révolutionnera pas le 7ème art, je peux comprendre la déception des fans du roman, car le film ne peut rendre compte de certains éléments, pris en charge par la narration à la première personne, par la construction même du roman. Je me souviens également que les Inrocks avaient trouvé l’héroïne du film bien lisse, un peu fade, et ce n’est pas complètement faux, Jennifer Lawrence peinant un peu à donner de la profondeur à son personnage, tout en action, tout en positif (comme dans le roman mais sans les possibilités narratives qu’offre le point de vue interne). Ce n’est d’ailleurs pas la jeune comédienne qui est en cause : elle ne joue pas mal du tout, elle ne peut donner à son personnage beaucoup d’intériorité, c’est tout.
Cependant, le scénario rend justice, à mon sens, au roman, il aménage quelques aspects, en élimine d’autres et l’on peut bien sûr le regretter, mais cela permet de proposer un film d’une durée correcte. Personnellement je préfère cela à un film de trois heures, fâcheuse tendance des productions hollywoodiennes ces dernières années… L’essentiel y est.
La violence n’est pas édulcorée, soulignant que ce premier volet est somme toute un roman de guerre, plus encore qu’un roman dystopique – l’aspect dystopique est probablement pour plus tard. Le commencement des jeux est ultra-violent, le massacre est montré, sans complaisance toutefois. La sélection primordiale souligne le côté dystopique de cet univers, et j’ai trouvé que l’acheminement des « candidats » suggérait certaines images hélas trop réelles, celles de l’arrivée dans des camps de concentration, mais peut-être est-ce une surinterprétation de ma part.
J’ai enfin trouvé remarquable le traitement de la bande-son. Gary Ross ne cherche jamais le pathos, même s’il n’esquive pas l’émotion – par exemple avec l’épisode de la mort de Rue. Il évite un piège, celui de l’emphase, notamment avec l’utilisation parcimonieuse et subtile de la musique. Il n’oublie pas que Hunger Games joue avec les outrances de la télé-réalité, ici poussée à son paroxysme, faisant appel sans vergogne à une musique lourde et invasive, qui dicte aux spectateurs leurs émotions. Cet aspect est très bien montré par les cérémonies qui ponctuent l’intrigue. Par conséquent, le film utilise peu et intelligemment la musique : il m’a frappée par son utilisation du silence. Il faut dire que je suis sensible à l’omniprésence d’une musique pompeuse dans le cinéma américain, souvent redondante avec les émotions suggérées par les images et les dialogues, j’ai trop souvent envie d’étrangler le compositeur... Quand la musique est utilisée dans Hunger Games, elle ne s’impose pas au spectateur en lui dictant ses émotions, elle reste discrète.
Le second volet ne sera pas réalisé par Gary Ross mais par Francis Lawrence, réalisateur du (consternant) Je suis une légende* et de nombreux clips vidéos. Je ne doute pas de son talent mais son pedigree me fait craindre une adaptation plus conventionnelle et « branchée ». Wait and see…

*ce n’est d’ailleurs pas la mise en scène qui est en cause à mon sens mais le scénario, adaptation ridicule du fabuleux roman de Richard Matheson.

Hunger Games, film réalisé par Gary Ross, 2012, produit par Lions Gate Film (USA).
Musique de T-Bone Burnett et James Newton Howard.

4 commentaires:

Brize a dit…

Pas vu à sa sortie en salles, mais j'ai été agréablement surprise (et la Miss aussi) en le découvrant tout récemment à la télé. Comme en plus ma lecture de ce tome 1 remontait à 3 ans (je viens de regarder la date sur mon blog, c'est un excellent pense-bête ;)), la comparaison entre la version papier et la version ciné n'était pas pointue du tout. J'ai donc trouvé que le film rendait bien compte de ce que j'avais retenu du livre !

Tasha Gennaro a dit…

Parfaitement d'accord! Je sais que le film a plu à des gens qui n'avaient pas lu le roman. Pas comme ces films auxquels on ne comprend rien si on n'a pas lu le roman (= adaptation ratée).

Miss Cornelia a dit…

J'ai été déçue par le film, mais j'avais tellement aimé la trilogie...l'actrice me plaît bcp, ce n'est pas le cas des deux garçons que je trouve mal choisis. Cela étant j'ai passé un bon moment...sans être transportée.

Tasha Gennaro a dit…

Je crois que découvrir en même temps le roman et son adaptation est pour beaucoup dans mon absence de déception. Et j'avais tellement été prévenue contre le film que j'ai été agréablement surprise. Ceci dit, je trouve que le film a de réelles qualités, en particulier son absence d'emphase...