vendredi 3 juillet 2020

Noyade de J.P. Smith


Présentation éditeur
Joey, huit ans, passe l'été dans un camp de vacances au milieu des bois. Le moniteur de natation, Alex Mason, s'est juré qu'à la fin du séjour, tous les garçons sauraient nager. Or Joey a peur de l'eau. La veille du départ, Alex l'abandonne sur un radeau au milieu du lac, le mettant au défi de rentrer tout seul à la nage. Joey ne se présente pas au réfectoire ce soir-là. Les recherches s'organisent : il n'est plus sur le radeau. Il est nulle part. On ne le retrouvera jamais... Vingt ans après, Alex est devenu promoteur immobilier à New York. Ses méthodes et sa morgue lui ont attiré de solides inimitiés, mais sa réussite est éclatante. Jusqu'au jour où ça dérape. Du sang dans l'eau de la piscine, des photos compromettantes qui arrivent sur le smartphone de sa femme, un ascenseur bloqué entre deux étages... Les épisodes perturbants se succèdent, transformant en cauchemar le quotidien d'Alex et des siens.
Joey serait-il de retour?

Ce que j'en pense
Je trouve extrêmement malin de publier ce roman juste avant l'été : Noyade est un page-turner efficace, un thriller bien fichu, qui trouvera sa place dans les lectures estivales. Moi en tout cas, j'ai marché, je suis entrée aisément dans cette intrigue, dans laquelle je ne cherchais pas de réalisme, pas de peinture sociale (encore que), mais une histoire à faire (un peu) peur, comme celle qu'écoutent les enfants autour du feu dans leur camp de vacances. Peu m'importait que certaines questions restent en suspens (où est passé Joey? pourquoi une vengeance à ce moment-là?), je préfère cela à des explications ahurissantes. Le seul bémol est que j'avais compris qui avait ressurgi du passé pour tourmenter Alex, qui est par ailleurs un personnage tellement détestable qu'on lui souhaite bien du mal. Mais qu'importe. J'ai aimé cette punition infligée à ce type chez qui rien ne dépasse, archétype de l'arriviste dénué de tout scrupule, qui se croit irrésistible. Marqué par une faute originelle, il est condamné à devenir ouvertement ce qu'il est hypocritement : un assassin, prêt à tout pour préserver son petit monde de privilégié, sa famille en toc. 
Le personnage auquel je me suis le plus attachée est Joey, enfant qui vit mal le désamour du couple parental, qui ne parvient pas à correspondre aux normes déjà virilistes (c'est un tout petit enfant) qu'on impose aux garçons. D'ailleurs, si vous vous apprêtez à envoyer votre progéniture en colonie de vacances, ne lisez pas ce livre. 
Somme toute, Noyade allie certains aspects du Bûcher des vanités à la noirceur d'un conte horrifique et gothique : ce n'est peut-être pas le polar du siècle, mais ce n'est pas ce qu'on attend, alors prenons le roman pour ce qu'il est, un divertissement de grande classe, avec un zeste de vitriol balancé sur la réussite à l'américaine. 

J.P. Smith, Noyade (The Drowning), Gallimard Série Noire, 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Philippe Loubat-Delranc. 

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