dimanche 5 juillet 2020

New Iberia Blues de James Lee Burke


Présentation éditeur
La mort choquante d'une jeune femme retrouvée nue et crucifiée amène Dave Robicheaux dans les coulisses d'Hollywood, au coeur des forêts louisianaises et dans les repaires de la Mafia. Elle avait disparu à proximité de la propriété du réalisateur Desmond Cormier, que Dave avait connu gamin dans les rues de La Nouvelle Orléans, quand il rêvait de cinéma... 

Ce que j'en pense
N'en doutez pas, je suis une grande fan de Robicheaux, que j'ai découvert au début des années 2000 avec Dans la brume électrique avec les morts confédérés (relu depuis plusieurs fois). Mais je dois vous dire que certaines choses m'ont gênée dans ce nouvel opus. En fait, une chose principalement : James Lee Burke fait comme si son héros était un quinqua, alors que, vétéran du Viet Nam, il est bien plus âgé ; l'engagement des USA au Viet-Nam a duré de 1965 à 1975, si mes souvenirs sont bons, autrement dit le héros de James Lee Burke doit être dans ses 70 ans au bas mot. Passe encore qu'il exerce encore en tant qu'officier de police (je ne sais pas s'il y a un âge limite pour exercer là-bas), même si je doute qu'après l'existence mouvementée qu'il a eue, il soit encore aussi robuste et résistant à la fatigue. Mais l'histoire avec Bailey, honnêtement... Encore une fois, ce n'est pas une question de vraisemblance (encore que), c'est surtout que tout se passe comme Burke oubliait l'âge de son personnage, comme s'il l'avait figé dans la cinquantaine. Les mêmes remarques valent pour Clete. De manière plus accessoire, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs dans ce roman, sans doute soulignées par le sentiment de déjà-vu, avec le milieu du cinéma. Mais il faut dire que je sortais de la lecture coup-de-poing de King County Sheriff et forcément, l'extrême brièveté de l'un soulignait l'ampleur narrative de l'autre. 
Est-ce à dire que New Iberia Blues est une déception? Non, pas exactement, parce que le plaisir de lecture demeure : James Lee Burke parle de son coin de Louisiane avec la même perception tragique que d'habitude, et à cet égard, la déliquescence dans laquelle se trouve ce coin des USA est évoquée avec une force incroyable. C'est un peu le paradis perdu, ou le paradis pourri. Le bayou cède peu à peu aux forces de l'argent, de la corruption, et les laissés-pour-compte sont un peu plus écrasés chaque jour. C'est aussi le plaisir de la sérialité : je retrouve des personnages qui sont de vieilles connaissances, j'ai l'impression de les connaître et de les revoir avec un immense bonheur. Et puis en dépit des impressions de déjà-vu, New Iberia Blues reste bien au-dessus de nombre de polars étatsuniens, et reste percutant aussi bien que passionnant. Peut-être, horrible personne que je suis, aurais-je aimé que James Lee Burke aille un peu plus loin dans la noirceur pour le dénouement, mais il n'est visiblement pas prêt à en finir avec ses personnages, et ce n'est pas moi qui vais le regretter. 

James Lee Burke, New Iberia Blues (The New Iberia Blues), Rivages Noir, 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier. 

1 commentaire:

Electra a dit…

j'ai lu les premiers opus et beaucoup aimé après j'en ai lu qui était très violent. Je suis comme toi, assez à cheval sur la vraisemblance et oui, ou alors il ne précise pas la date et du coup l'histoire peut se dérouler dans les années 80 ? ou alors y a les smartphone et l'ADN ? parce que la solution c'est juste de remonter le temps s'il souhaite que Robicheaux soit toujours vaillant !