dimanche 7 juin 2020

Doux comme la mort de Laurent Guillaume


Présentation éditeur
Le Messager, mercenaire mandaté par la France pour assassiner l’un des leaders d’Al-Qaïda, découvre à la dernière minute qu’il a été trahi par ses commanditaires. Marc Andrieu, spécialiste de l’antiterrorisme, n’est plus que l’ombre de lui-même depuis que sa fille Eva a disparu. Et ces deux solitaires vont devenir les acteurs de la vengeance d’un troisième homme : Julien Vittoz, ancien ministre de la Défense compromis par un échec diplomatique, qui élabore un plan machiavélique pour assurer son retour. Son arme : le Messager, sa cible, Marc Andrieu. Autour de ces hommes, des innocents qui font les frais de ces machinations. Mais on ne manipule pas sans risques ceux qui n’ont plus rien à perdre.
Entrainant ses personnages d’Afrique de l’Ouest en France, Doux comme la mort est un thriller plein de surprises.

Ce que j'en pense
Voici une réédition fort sympathique et sans laquelle, peut-être, je n'aurais pas lu ce roman. Ce n'est pas le premier ouvrage de Laurent Guillaume que je lis, et sûrement pas le dernier. Doux comme la mort, déjà, quel titre! Vous en trouverez l'explication dans le roman même. Et quel roman! 
Ce que j'apprécie chez Laurent Guillaume, c'est cette façon d'écrire avec un substrat géo-politique très documenté et une ampleur romanesque assumée. Il connaît bien l'Afrique de l'ouest et ça se sent : il montre bien la complexité des situations, l'équilibre des forces en présence, l'enfer vécu par les populations, l'implication de nations lointaines comme la France. Tout cela est intégré à une intrigue captivante, entre roman noir et roman d'espionnage, avec barbouzes et saloperies politiques (vous avez compris, je pense, que je n'ai guère de considération pour la chose politique telle qu'elle va). Je ne peux pas trop entrer dans les détails sans dévoiler des pans entiers de l'intrigue, et ce serait dommage. Il y a un flic à la dérive, abîmé par la vie, à la recherche de sa fille, il y a un homme politique (une saloperie politique donc) pourri jusqu'à l'os et prêt à tout pour retrouver la flamboyance de sa carrière, il y a des hommes à la solde du pouvoir, chiens de garde zélés qu'on a envie de voir crever, il y a un héros ambigu à souhait, qu'on adore très vite. 
Comprenez bien une chose : chez Laurent Guillaume, ambiance testostéronée ne signifie pas intrigue débile pour simples d'esprits, ou virilisme moisi. Et c'est bien, car cela permet d'aimer le Messager, du début jusqu'à la fin. Laurent Guillaume crée ici un personnage à la fois très plausible et un surhomme de grand roman populaire, cocktail que j'adore, vous pensez bien (vous vous souvenez peut-être de mon amour pour le Toorop de La Sirène rouge). Le Messager n'est pas un gros con de mercenaire aux biceps surdimensionnés et aux moeurs de soudard, il a des zones d'ombre, des secrets, et à sa manière, il est un de ces Justiciers que le roman populaire affectionne depuis le XIXème siècle, mais avec une complexité romanesque typique du XXIè... Bref, il allie les points forts des deux perspectives. Doux comme la mort n'a donc rien d'un plaisir coupable, c'est une lecture jubilatoire et qui, à mon sens, rend moins con. Bref, c'est un excellent livre, et pis c'est tout. Alors ne boudez pas votre plaisir, lisez Doux comme la mort, et en plus vous aurez un livre à la couverture superbe.

Laurent Guillaume, Doux comme la mort (2012), La Manufacture de Livres, 2020. 


2 commentaires:

Miss Cornelia a dit…

Zut! J'ai très envie de le lire!

Tasha Gennaro a dit…

Je pense que tu aimerais!