mardi 14 novembre 2017

Uppercut de Ahmed Kalouaz


Présentation (quatrième de couverture)
Erwan distribue les coups de poing comme il enchaîne les renvois de nombreux collèges. La boxe est un refuge, une réponse qu'il imprime sur la figure de ceux qui le provoquent. Surtout quand on l'attaque sur la couleur de sa peau. Cette semaine-là, il se retrouve loin de sa bande, en stage dans un centre équestre à la campagne, confronté au racisme ambiant. Comment contenir ses émotions et garder les uppercuts serrés au fond des poches ?


Ce que j'en pense
Vous le savez, je lis de la littérature pour ados, à la fois par nécessité professionnelle et par plaisir. Mon choix s'est porté sur Uppercut au hasard d'une déambulation dans ma librairie, parce que c'est le Rouergue, parce que le titre et la couverture comme le prière d'insérer en 4ème de couverture me donnaient envie... parce que tout me promettait une noirceur que j'aime. Et pourtant ça n'a pas fonctionné pour moi. Je n'ai rien de fondamental à reprocher à ce roman, bien écrit, qui porte des valeurs mais il est trop... tendre pour moi. Je ne dis pas qu'il ne plaira pas aux ados, je n'en sais rien, à vrai dire, et si vous cherchez pour de jeunes lecteurs un roman qui aborde le racisme ordinaire, celui qui s'exprime sans complexe dans nos campagnes, les mots qui stigmatisent et qui cognent, le mépris idiot, la défiance, et si vous voulez en même temps un roman qui porte de l'espoir, qui croit en un apprentissage mutuel, alors ce livre est pour vous. Je suis sans doute trop pessimiste pour adhérer à cette intrigue, et je ne crois pas plus à cet homme qui se laisse amadouer face aux mérites du jeune personnage qu'à la trajectoire de ce dernier à ses côtés. 

Et puis que voulez-vous, même si je sais que c'est un choix d'écriture courant et parfaitement compréhensible, j'ai du mal à adhérer au style, mélange d'efforts pour retranscrire un semblant d'oralité ou du moins de vraisemblance dans cette narration à la première personne, et de tournures qui ne sont pas DU TOUT celles d'un adolescent... Donc, une phrase comme "L'amitié, c'est un sentiment tordu", avec sa reprise typique de nos tournures orales, ça va. Mais comme elle vient deux lignes après ça: "De quoi nous mener à l'heure du repos", eh bien, j'ai du mal.
Sans doute aussi aurais-je aimé un développement plus poussé des personnages, justement. Je trouve qu'on en sait trop peu sur Gilbert, qui accueille le jeune homme, sur la violence sociale qui conduit les uns à se trouver des boucs émissaires et les autres à saccager leur entrée dans l'âge adulte. 

Au final, Uppercut est un roman d'apprentissage un peu trop lisse à mon goût. 

Ahmed Kalouaz, Uppercut, Rouergue, coll. "DoAdo", 2017. 

2 commentaires:

Electra a dit…

Je ne lis pas de romans jeunesse (j'ai eu le malheur de commencer par le pire sans doute...), mais pour le style, c'est toujours périlleux de choisir la première personne du singulier et de faire s'exprimer "un ado".

Tasha Gennaro a dit…

Oui c'est souvent raté en effet... Finalement, je préfère que les auteurs ne fassent pas semblant de parler "jeune"...