Présentation éditeur
Patrice Gbemba, dit
Papa, était né sur Terre, mais il s’y sentait étranger. Au ciel bleu pollué de
la ville, il préférait les étoiles. Aux voitures, il préférait les fusées. Aux
hommes enfin, qu’il appelait les autres, il préférait les bêtes.
Depuis tout enfant, timide, il avait souffert
des groupes. Il en avait tant souffert, même, qu’il se sentait maudit.
Papa ne croyait pourtant pas aux malédictions.
Il ne croyait pas au destin.
Il ne pouvait se douter qu’un jour prochain, il
tuerait.
Ce que j’en pense
Planète vide de Clément Milian attendait son heure depuis un
moment déjà. C’est d’abord le format inhabituel qui avait attiré mon attention,
puis le billet de Jean-Marc Laherrère. Un soir où j’avais besoin d’un livre
court, c’est Planète vide que j’ai saisi. Je ne sais si l’on peut qualifier le
texte de novella. Même si les premiers chapitres parcourent quelques mois, l’essentiel
se concentre sur l’épopée parisienne du jeune Patrice, alias Papa. Cela m’a
rappelé la concentration d’une nouvelle. Epopée à hauteur d’enfant (Papa vient
d’entrer au collège), récit initiatique (même si Papa ne cherche pas ce côté
initiatique), fable noire et enchantée pourtant, Planète vide est tout cela.
Bien sûr, on n’échappe pas à certains attendus, pour ne pas
dire stéréotypes, des prostituées chaleureuses et maternelles aux squatters
alternatifs bienveillants, mais cela n’a pas grande importance, car le travail
de Clément Milian est ailleurs. Il est dans cette narration filtrée par le
regard naïf, effrayé de cet enfant qui ne comprend pas toujours ce qui se passe
autour de lui (un peu comme dans Ce que savait Maisie). Ce qu’il perçoit en revanche, c’est à la fois que ce monde,
décidément, rejette les plus faibles, comme lui, et qu’il réserve des moments d’humanité
et de beauté sans pareille. Parce queClément Milian évoque ceux que nous voyons
peu, clochards, prostituées, squatters, ceux que la société contemporaine
rejette aux marges, Planète vide reste un pur récit noir, qui a toute sa place dans la
Série Noire.
Clément Milian, Planète vide, Gallimard Série Noire, 2016.
2 commentaires:
jolie présentation et qui donne froid dans le dos ! je ne connaissais pas, avec toi je découvre plein de lectures potentielles - je dois me retenir ! le format court m'attire aussi car on peut le lire en une soirée ;-)
Oui j'avoue que j'aime bien, parfois, plonger dans un bouquin et le lire d'une traite ou presque!
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