dimanche 14 mai 2023

Le Mur de Marianne Peyronnet



Présentation éditeur

« Nous sommes l’utopie. Chacun une cellule du corps parfait de la Matrie. Chacun utile à son bon fonctionnement, indispensable par notre nombre et notre dévouement. Chacun à notre place, œuvrons à l’équilibre. Nous sommes l’écologie. Nous sommes la nature. Nous n’abusons pas de ses richesses. Nous sommes la sobriété. Notre vie ne compte que comme partie du tout. Nous en faisons don à l’ensemble, de notre premier cri à notre dernier soupir. » Le jeune soldat au service de la Matrie répondant au nom d’Alb 3, troisième fils d’Alba Irina Viga Luane, est très fier de se voir affecté au Mur en tant que sentinelle. Il défendra le territoire des Matrides contre les assauts des Bêtes. Mais, au cours de ce roman qui pose la question de notre humanité dans une société repliée sur elle-même, une rencontre va venir bouleverser ses certitudes, et Alb verra sa loyauté envers la Matrie s’effondrer, lorsque l’utopie se transformera en une inquiétante dystopie.

Ce que j'en pense

Avant tout chose, sachez-le, je ne suis pas une grande lectrice de science-fiction, genre dans lequel on place habituellement la dystopie. En effet, vous vous en doutez : l'Utopie dont il est ici question est un régime qui s'est mis en place dans un monde post-apocalyptique, ou qui y ressemble, dans une enclave qui sert de refuge contre le reste du pays, en proie à une régression civilisationnelle sans précédent. La Matrie protège ses citoyens et leur offre un modèle collectiviste dans lequel chacun est au service de l'Etat et du bien commun. Et là, même si je ne vous livre pas les détails, que vous découvrirez vous-mêmes, vous sentez déjà que ça part en cacahuète.

J'ai ouvert ce roman sans rien en savoir, comme je le fais presque toujours. J'ai pensé pêle-mêle à La servante écarlate, au Désert des tartares, au Rivage des Syrtes. Ne vous fiez pas à la trame à première vue classique, et n'oubliez pas que Marianne Peyronnet s'est déjà illustrée avec talent dans le roman noir. Le Mur est donc d'une grande noirceur, et c'est tant mieux. 

Et pourtant il y a dans ce roman quelque chose de lumineux. Je vous laisse découvrir le roman et je ne voudrais pas en raconter trop. Je ne sais pas si ce roman nous dit que l'humanité, tissée de rencontres, d'empathie et d'amour résiste à tout ou est menacée par des forces antagonistes bien plus puissantes. Mais il nous alerte sur nos peurs, sur la tentation du repli, il nous incite à toujours questionner les valeurs et les actes qu'on veut nous imposer. Pao, Satine et Bayé représentent cette humanité en nous, menacée, assiégée. 

L'écriture de Marianne Peyronnet, dans ce récit à la première personne, suit le cheminement de ce jeune homme, qui passe d'une obéissance sans mesure au régime nourricier à l'éveil d'une conscience. Pas de fioritures, pas de pathos, une écriture précise et sans chichis. Le récit n'en a que plus de force. 

Marianne Peyronnet, Le Mur, Les éditions Relatives, 2023. Sortie le 15 mai.



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