Présentation éditeur
Septembre 1941. Aux États-Unis, le mouvement isolationniste et antisémite America First gagne du terrain et le président Roosevelt n’arrive pas à faire basculer son pays dans la guerre. À Hollywood, on prépare la contre-attaque avec un film engagé en faveur de l’intervention, mais sa vedette, la star Lala, est victime d’un chantage qui pourrait tout compromettre.
Vicky Mallone, détective privée, légèrement portée sur les cocktails et les femmes, va voler à son secours avec l’aide d’un vieux fédéral bougon et, lorsqu’il est sobre, d’Errol Flynn en personne. Le tournage du film va bientôt concentrer toutes les menaces et tous les enjeux de l’époque. Mais qui manipule qui à l’ombre des plateaux ?
Ce que j'en pense
J'avais beaucoup aimé le précédent roman de l'auteur, qui marquait son entrée dans la Série noire. Je me suis régalée avec Hollywood s'en va en guerre, qui se situe en 1941, à Hollywood, donc (vous me suivez?). Pour les lecteurs peu aguerris côté roman noir, ce sera un vrai plaisir, car l'auteur s'y entend pour mettre en place son intrigue, faire naviguer le lecteur dans les arcanes d'Hollywood et l'embarquer dans une histoire à la fois sombre et trépidante où se mêlent industrie (cinématographique) et politique. Pour les lecteurs un peu plus habitués aux codes du genre, s'y ajoutera la jubilation de l'hommage à Chandler.
Mais attention, rien de poussiéreux ou de pesant dans l'hommage : c'est enlevé et MO-DER-NE! Oui, car au privé en trench-coat dont Bogart (♥️) a fixé la silhouette, il substitue UNE privée, et quelle privée, mazette ! Aux esprits chagrins qui penseraient qu'il est invraisemblable qu'une femme devienne alors une privée, il livre une explication bien plausible : c'est parce qu'il n'y a pas de place pour les femmes ENQUÊTRICES dans la police de l'époque que notre héroïne fait le choix de l'officine privée. Vicky Mallone est flamboyante et maline, et comme ses homologues masculins, elle aime la picole et les jolies femmes. Et puis il y a Arkel, le mystérieux et brutal Arkel : moi je l'aime d'amour, ce personnage, et je vous le dis tout de suite, à certaine péripétie, dont je ne dirai rien ici, j'étais abasourdie, un peu comme ça:
Et Errol Flynn, nom de Zeus ! Personnage romanesque et hilarant, insupportable et lucide sur lui-même, vous m'en direz des nouvelles.
Tout ça pour dire que Hollywood s'en va en guerre est un roman noir formidable, malin et palpitant, que vous aurez du mal à lâcher. D'ailleurs, je n'ai pas pensé qu'à Chandler, j'ai pensé à Stuart Kaminsky et à son privé Toby Peters, avec sa série hollywoodienne des années 1970. On y croisait d'ailleurs, parmi d'autres, Errol Flynn. Bon sang, voilà que j'ai envie de chiner des Kaminsky, maintenant.
Mais comme on est en 2023, et qu'on n'est pas avec n'importe qui (l'auteur + la Série noire), c'est aussi un roman noir qui saisit un moment de l'Histoire important, celui qui précède l'entrée en guerre des Etats-Unis, celui qui voit s'affronter dans le soi-disant pays de la liberté des forces terribles, démocrates et pro-nazis, partisans de l'entrée dans le conflit et isolationnistes. Et ça, ça nous ramène à des choses terriblement actuelles, non? Mais Olivier Barde-Cabuçon pose tout ça avec légèreté, élégance. La classe, quoi.
En finissant le roman, sourire aux lèvres, je me disais : ça nous ferait une p... de bonne série, et j'espère qu'Olivier Barde-Cabuçon a lui aussi de retrouver Vicky. Moi, elle me manque déjà.
Olivier Barde-Cabuçon, Hollywood s'en va en guerre, Gallimard, Série noire, 2023.
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