Présentation éditeur
Le colonel Hassan, ancien militaire de la garde de Saddam Hussein devenu homme de l’ombre des services secrets allemands et repéré par la cellule anti-terroriste d’Europol que dirige Deniz Salvère est retrouvé mort dans le Spreepark de Berlin. Une affaire de mœurs, apparemment. Mais Salvère n’est pas du genre à s’en tenir aux apparences… En Italie, deux bourgeoises quinquagénaires disparaissent. Aucune explication satisfaisante. Mais rien qui devrait attirer l’attention d’Europol s’il n’y avait ce lien entre l’une d’elles et Ettore Guidi, un vieil industriel fascisant dont la fille et un homme de main impliqué dans une affaire qu’ils ont récemment résolue ont été assassinés. Après Berlin, c’est donc à Gênes que s’installe l’équipe anti-terroriste dirigée par Salvère pour poursuivre la traque des têtes pensantes du réseau d’extrême droite qu’ils soupçonnent de vouloir déstabiliser la démocratie italienne… avant d’étendre leur action à toute l’Europe.
Ce que j'en pense
Jacques Moulins est à mes yeux une valeur sûre de la Série noire désormais. Il livre avec Menaces italiennes un nouvel opus de la série commencée avec Le réveil de la bête et Retour à Berlin. Nous retrouvons donc Deniz Salvère et son équipe, et la thématique politique qui anime les romans noirs de Jacques Moulins : la toile tissée par l'extrême-droite en Europe, et qui s'apparente à une entreprise terroriste qu'on a tendance à sous-estimer, au sein même des services anti-terroristes. Jacques Moulins construit comme dans les deux autres volumes une trame romanesque retorse à souhait, complexe, qui n'a pas grand-chose à voir avec la vision sexy et trépidante de certains romans étatsuniens. Il navigue entre roman noir très sombre et politique fiction glaçante. Et moi, je marche à fond, j'aime que l'auteur ne prenne pas le lecteur pour un idiot, qu'il mise sur la coopération d'un lecteur enclin à se passer du pathos, des intrigues secondaires focalisées sur la vie privée des enquêteurs, destinées à mettre de l'huile dans les rouages. Certes, Deniz est taraudé par le naufrage de sa vie sentimentale, mais le roman ne s'étale pas sur cet aspect, présent pour donner chair au personnage, pas pour reposer le lecteur des intrigues politiques.
Menaces italiennes résonne particulièrement à l'heure où Meloni a accédé au pouvoir en Italie, où un réseau projetant des actions terroristes a été démantelé en Allemagne. Il reste cependant, avant tout sans doute, un roman noir, une oeuvre de fiction, dont le rôle n'est pas de "copier" la réalité, mais de la donner à comprendre, d'en proposer une vision. Franchement, ça vous changera des comédies de Noël*.
Jacques Moulins, Menaces italiennes, Gallimard, Série Noire, 2023.
* ou des niaiseries de la Saint Valentin ; j'ai lu ce roman pendant la semaine qui a précédé Noël, grâce aux bons soins de Christelle Mata, donc dans une atmosphère dégoulinante et anesthésiante.
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