Présentation
Un vieil homme perd la vie,
agressé dans une rue de Manhattan ; un jeune garçon disparaît lors d'une
baignade en mer d'Irlande ; une religieuse reconnaît à la télé son tortionnaire
; un jeune homme à cheval vient chercher vengeance sur un chantier ; une jeune
femme sergent dans l'US Army passe le réveillon du Nouvel An sur le front
afghan.
Ce que j’en pense
Ce livre est tombé à point nommé. Il y a une dizaine de
jours j’ai vécu un truc pas sympa et l’extrême stress qui s’en est suivi m’a
rendu incapable de lire. Je venais de terminer Plateau. Plonger dans un polar
ou du noir était impossible, quel qu’en soit le sujet, je ne pouvais supporter
la violence que le genre charrie, ses atmosphères. Du côté du roman, point de
salut non plus, car je n’avais pas sous la main de récit propre à m’emporter
par sa force romanesque sans me ramener à mes angoisses. Les feel-good books n’étaient
pas une option non plus : soit ils abordent un sujet qui m’était tout
insupportable, soit leur légèreté était par trop décalée avec mon stress. Bref…
j’ai dû commencer plus de dix livres, et y renoncer au bout de quelques pages,
parfois quelques lignes. En même temps, j’avais envie/besoin de lire, de m’oublier
dans un roman, des personnages, d’autres vies que la mienne ;-)
J’ai finalement opté pour Treize façons de voir, de Colum
McCann : après tout, cela faisait un moment que je me promettais de lire
cet auteur, et puis c’était un recueil de nouvelles. Bien m’en a pris, c’était
le bon choix.
Le recueil s’ouvre sur une longue nouvelle, ce que l’on peut
sans doute appeler une novella. Elle m’a tout de suite touchée : cet homme
vieillissant, qui sent son corps le lâcher, qui va mourir violemment, je l’ai
tout de suite aimé. Toutes ces nouvelles sont reliées par le thème de la
violence (ça tombait très bien pour moi), sous diverses formes, imprimées à différentes
existences. J’ai aimé les personnages, la façon dont Colum McCann leur confère
une profondeur et une humanité bouleversantes. J’ai aimé sa façon de ne jamais
tout dire, de laisser des fins en suspens, sans fermer les hypothèses, de ne
pas tout expliciter.
Peut-être que ce livre tombait à pic pour moi, mais en tout
cas, je l’ai dévoré et je l’ai trouvé maîtrisé de bout en bout. Et je suis reconnaissante
à Colum McCann d’avoir renoué mon lien avec la lecture, rompu quelques jours
seulement mais d’une manière très désagréable. Je peux maintenant me plonger
dans des polars, comme avant…
Colum McCann, Treize
façons de voir (Thirteen Ways of Looking),
Belfond, 2016. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Luc Piningre.
Publication originale : 2015.
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