Présentation (éditeur)
Depuis quelques années, Marianne vit seule avec son fils à Dutch Island, petite île pittoresque de l’Etat du Maine. Elle a choisi cet endroit isolé pour échapper à son mari, Moloch, un criminel particulièrement violent et dépravé qui la maintenait sous sa coupe. Aujourd’hui Moloch croupit en prison. Du fond de sa cellule, il fait des rêves étranges auxquels il se sent lié. Il y est question de piraterie, de massacres et de pillages. Une histoire qui ressemble étrangement à celle des premiers colons de Dutch Island, autrefois appelée Sanctuary. Cette histoire, Joe Dupree, l’unique policier local, en est le dépositaire. Apprécié de tous, Joe garde un statut particulier dans l’île. La faute à son regard, toujours triste, qui lui vaut le surnom de Mélancolie Joe, et à sa stature de géant. Ces derniers temps, il a senti un changement dans l’île. Les anciens du village aussi. Il y a une recrudescence des événements singuliers dont Dutch Island a toujours été le théatre. Des apparitions de silhouettes à l’orée des bois. Une densification anormale de la végétation. Quelque chose est à l’œuvre. L’orage se prépare. A la faveur d’un transfert, Moloch s’échappe grâce à l’aide de complices. Dans sa tête résonne l’écho d’un cri : vengeance. Mais reste à savoir s’il en sera le bras armé ou la victime…
Ce que j'en pense
John Connolly est un auteur dont je croisais souvent les romans mais que je n’avais jamais lu, pas vraiment tentée pour je ne sais quelle raison. Mais après avoir lu deux chroniques du dernier paru en France, Les âmes perdues de Dutch Island, je me suis lancée. Mon impression est mitigée : disons que je trouve que c’est un très bon roman mais que ce n’est pas tout à fait ce que j’aime. Pourquoi?
John Connolly mêle à ce qui relève du noir un ingrédient fantastique. C’est parfaitement maîtrisé, tout à fait saisissant et ambigu, on flirte même avec un côté horrifique, mais cela ne me convient pas, tout simplement parce que du coup, très vite, on voit comment va se dénouer l’intrigue. Pas dans le détail mais dans les grandes lignes, et il y a peu de surprise à la fin. Non que je tienne absolument à être surprise, mais tout de même… D’un mauvais romancier j’aurais dit que le fantastique relève de la facilité et permet de ne pas trop se casser la tête; ce n’est pas le cas ici, mais cela ne me séduit pas. Cet élément mis à part, le tout est parfaitement maîtrisé, cela ne fait aucun doute.
Je n’ai pas trop aimé le prologue non plus, et je crois bien que j’aurais pu me décourager sans les billets élogieux lus çà et là. Après quoi John Connolly campe un grand nombre de personnages, sans que l’on saisisse d’abord le lien entre eux. Cela vient vite, mais ce n’est pas évident tout de suite.
Voilà pour les réserves et pour ce qui m’a dans un premier temps décontenancée.
En revanche, j’ai été conquise par les personnages d’emblée. Tous sont campés avec un talent fou, existent en quelques lignes, aucun n’est une caricature, même dans le groupe des affreux. Mention spéciale à Marianne, saisissante d’opacité, de profondeur, et évidemment au Géant Joe Dupree, un des plus beaux personnages de noir croisé ces derniers temps. Tous les deux portent une douleur, une difficulté à vivre éblouissantes, bouleversantes… Et j’ai beaucoup aimé la jeune recrue qui finit par arriver sur l’île et assister aux événements tragiques: elle occupe peu de pages et pourtant, elle est là, parfaitement incarnée, si je puis dire.
Même si l’intrigue ne m’a pas totalement convaincue, je dois dire que la construction est impeccable. John Connolly est très à l’aise avec les retours en arrière, qui ne parasitent pas le récit mais l’éclairent, et le crescendo est parfait, aboutissant à un final digne des meilleurs thrillers.
Et puis il y a la force du propos sur la mort, la perte, l’absence, dans une île foncièrement marquée par la violence et le sang. C’est très beau.
Donc ne vous y trompez pas : je ne suis pas totalement séduite, mais c’est de la très belle ouvrage, et je vous conseille le roman.
John Connolly, Les âmes perdues de Dutch Island (Bad Men), Presses de la Cité, 2014. Traduit de l’anglais (Irlande) par Santiago Artozqui. Publication originale : 2004. Disponible en ebook.
2 commentaires:
dommage que tu n'aies pas été totalement convaincu par ce roman. Peut être aurais tu du commencer par ses premiers romans pour bien t’imprégner de son univers bien particulier ( d'autant qu'ils sont bien supérieurs à celui ci, même si pour ma part je l'ai beaucoup apprécié). En tout cas je trouve ton analyse pertinente et je me dis qu'à l'occasion tu devrais retenter ta chance avec cet écrivain.Les grandes histoires d'amour ne démarrent pas toujours par un coup de foudre :) Amitiés
Tu as raison, et de toute façon, dans ma PAL j'ai retrouvé L'empreinte des amants (le drame des gros acheteurs de livres : ne même plus se souvenir de ce qu'on a), que je lirais forcément!
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