samedi 9 mars 2019

Feux de détresse de Julien Capron


Présentation éditeur
Lok est une des entreprises les plus puissantes du monde. Elle détient le quasi-monopole sur le marché de la sécurité informatique, et s’est choisi des locaux originaux : l’Excelsior, un ancien paquebot de luxe, qui sillonne les mers du globe. Chaque année, son patron et fondateur organise l’événement technologique le plus prestigieux de la planète : The C, une compétition qui met en lice les douze projets les plus innovants du moment : amour, gloire et beauté assurés aux gagnants.
Mais à peine la traversée de sept jours entamée, les concurrents voient un à un leur indice numérique de réputation, la nOte, virer brutalement au rouge. Et sur un navire aussi hautement surveillé que l’Excelsior, toutes les autorisations d’accès, de déplacements sont au diapason de votre nOte : le bâtiment devient vite une prison flottante géante.
La Mise à Jour, agence de détectives d’un genre nouveau, est chargée de comprendre ce qu'il se passe et d’y mettre un terme.

Ce que j'en pense
Feux de détresse illustre parfaitement la labilité du genre noir, capable de s'hybrider avec d'autres genres, comme la SF. On est dans une légère anticipation mais contrairement à nombre de romans de SF qui vont s'attacher à construire un monde suffisamment différent du nôtre (même pour en parler) pour qu'on se sente dépaysé, rien ne nous est vraiment étranger ici. Julien Capron nous parle de ce qui nous attend, très rapidement, si nous n'y prenons garde. Il est certain que ce roman m'a fait réfléchir sur notre société 2.0 où tout le monde évalue tout le monde et n'importe quoi, que ce soit en buzzant sur une borne à la sortie des toilettes d'un aéroport, en notant l'hôtel ou le restaurant tout juste quittés, ou bien en évaluant le livreur qui vient d'apporter un colis. Julien Capron pousse le postulat de cette tyrannie de l'évaluation et des outils numériques qui permettent de surveiller, d'évaluer et ici d'exclure en quelques clics. Et ça fait froid dans le dos, évidemment. 
Cela ne serait rien et pourrait même être pesamment démonstratif si Julien Capron ne maîtrisait pas la construction romanesque : le récit commence par présenter les nombreux protagonistes, et va constamment jouer sur les ruses de la simultanéité pour mener son récit à un rythme soutenu qui tient le lecteur en haleine. Je ne me suis jamais sentie égarée, ni par les nombreux personnages (le récit se resserre de toute façon assez vite sur une équipe, les gagnants historiques) ni par le rythme. Jamais on n'oublie les passions humaines, qui peuvent être dévastatrices autant que les machines. 
C'est un roman malin, intelligent et captivant. 

Julien Capron, Feux de détresse, Seuil, Cadre noir, 2019. Disponible en numérique.

2 commentaires:

Electra a dit…

quel mélange des genres ! je suis fatiguée du coup j'ai peur de ne pas avoir compris .. mais toujours un plaisir de te lire et de te retrouver plus souvent par ici !

Tasha Gennaro a dit…

Merci! Comme tu vois, je ne suis pas très réactive sur les commentaires, j'ai été très fatiguée ces derniers temps.