Présentation éditeur (tome 1)
Même dans
l'agence miteuse d'un détective alcoolique, un boulot, ça reste un boulot. Et
depuis le temps qu'elle en cherche un, Maggy Garrisson veut bien faire quelques
concessions. D'autant qu'il y a toujours moyen de se faire quelques billets,
quand on est prêt à aider son prochain et qu'on sait faire preuve d'un minimum
de présence d'esprit. Ce qui semble d'ailleurs sacrément manquer à Anthony
Wight, son patron, qui s'est fait passer à tabac cinq jours après qu'elle eut
commencé à travailler pour lui et qui ne reprend connaissance que pour lui
demander de lui apporter son vieux portefeuille à l'hôpital.
Menue monnaie, facturette, reçu de
parking, coupons pour une salle d'arcade... Pas de quoi faire le déplacement,
et pourtant, quand Maggy constate qu'elle est suivie dans la rue, elle flaire
le coup fourré. Car sous leur aspect anodin, les coupons semblent susciter une
vraie convoitise.
Ce que j’en pense
Dès le premier tome, les mésaventures de Maggy Garrisson m’ont
séduite. Il y a là tous les ingrédients du polar, et de ce point de vue,
Trondheim remplit le cahier des charges avec talent. On pourrait se dire, oui
bon, rien d’original : un détective un peu porté sur la boisson, les
habituelles affaires un peu minables, ou en tout cas sans gloire, les coups
fourrés, la corruption du flic, et j’en passe. Oui mais Trondheim bouge un peu
les lignes : pas d’anti-héros, mais une anti-héroïne, tout à la fois un
peu fleur bleue et rentre-dedans, pas un flic corrompue mais une nana en
uniforme bien pourrie. Et ça n’a l’air de rien, mais ça change bien les choses.
Par ailleurs, on ne s’ennuie pas, les trois tomes se dévorent (j’ai relu les
deux premiers pour aborder le troisième). Le trait de Oiry colle parfaitement
au genre : décors urbains, ambiances nocturnes, ciels blafards et pluie
glacée, tout y est. Il saisit aussi d’une case la solitude du personnage de
Maggy, et les ambiances d’un Londres qui n’est pas celui des paillettes, des
touristes ou des affaires. Non, c’est un Londres plus populaire, moins
trépidant que le dessin de Oiry nous donne à voir, et ça colle parfaitement aux
ambiances glauques de ces trois volumes.
Maggy Garrisson est une héroïne comme je les aime, elle n’est
pas là pour minauder, être « jolie »… J’ai bien aimé passer trois
tomes en sa compagnie, ça c’est certain.
Stéphane Oiry (dessin) et Lewis Trondheim (scénario), Maggy Garrison, 3 t., Dupuis, 2014-2016.
3 commentaires:
ah super ! un polar en BD et trois tomes - je vais voir de ce pas si ils sont dispos à la BM
elle a l'air top cette BD! moi aussi je vais voir si la médiathèque la propose !
@Electra : oui, une série courte, ça fait du bien!
@ toutes les deux : vous me direz!
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