Présentation éditeur
L’hiver est froid et dur en Laponie. À Kautokeino, un grand
village sami au milieu de la toundra, au centre culturel, on se prépare à
montrer un tambour de chaman que vient de donner un scientifique français,
compagnon de Paul-Emile Victor. C’est un événement dans le village. Dans la
nuit le tambour est volé. On soupçonne les fondamentalistes protestants
laestadiens : ils ont dans le passé détruit de nombreux tambours pour combattre
le paganisme. Puis on pense que ce sont les indépendantistes sami qui ont fait
le coup pour faire parler d’eux.
La mort d’un éleveur de rennes n’arrange rien à l’affaire.
Deux enquêteurs de la police des rennes, Klemet Nango le Lapon et son équipière
Nina Nansen, fraîche émoulue de l’école de police, sont persuadés que les deux
affaires sont liées. Mais à Kautokeino on n’aime pas remuer les vieilles
histoires et ils sont renvoyés à leurs courses sur leurs scooters des neiges à
travers l’immensité glacée de la Laponie, et à la pacification des éternelles
querelles entre éleveurs de rennes dont les troupeaux se mélangent. Au cours de
l’enquête sur le meurtre Nina est fascinée par la beauté sauvage d’Aslak, qui
vit comme ses ancêtres et connaît parfaitement ce monde sauvage et blanc.
Ce que j’en pense
Le dernier Lapon
était dans ma PAL depuis sa sortie, et je ne sais pas du tout pourquoi j’ai
tant attendu pour le lire. C’est alors qu’il faisait terriblement chaud, à la
fin de l’été, que je me suis lancée : envie de neige, envie de dépaysement,
allez savoir. Si vous aimez les polars qui vont à mille à l’heure et qui vous
étourdissent à chaque page, passez votre chemin. Le dernier Lapon parvient à concilier le suspense et une forme de lenteur.
J’ai adoré les personnages. Je n’avais aucune connaissance
de l’existence d’une police des rennes, j’ai apprécié le duo d’enquêteurs
atypique, du moins par rapport à ce que nous voyons dans le polar. J’ai déjà
hâte de retrouver Klemet et Nina, si complémentaires dans leurs façons d’être
et de travailler. Mais chaque personnage, de premier plan ou non, est dessiné
avec soin, et ce n’est pas la moindre qualité du roman. Je repense à certains d’entre
eux plusieurs mois après, ce qui n’est pas si fréquent (Berit par exemple,
Aslak et son épouse).
L’intrigue est complexe à souhait, et tient le lecteur en
haleine jusqu’au bout. Comme je l’ai dit, on n’est pas ici dans un rythme de
thriller (et tant mieux), mais l’intrigue est passionnante. Simplement, Olivier
Truc n’assène rien, il prend le temps de poser les personnages, les actes.
Par ailleurs, j’ai appris des tas de choses sur un peuple
que je ne connaissais que de nom. Soyez sans crainte, Olivier Truc n’assomme
pas son lecteur avec des pages didactiques. Non, il nous montre le peuple sami
au quotidien, leurs actes, leur vie, leur manière d’appréhender la société
contemporaine sont plus éloquents que n’importe quelle explication longuette. Le dernier Lapon est à mes yeux un pur
roman noir, et pas un polar : la dimension sociale et critique y est
cruciale. Il est question de ce qu’une société européenne (a) fait subir à un
peuple, de ce qu’elle lui a pris, imposé, de ce qu’elle renie en lui et lui
dénie. C’est aussi en cela que le personnage de Klemet est intéressant, déchiré
et magnifique.
Oui, c’est certain, je vais poursuivre le chemin avec Klemet
et Nina un de ces jours. Le volume suivant, Le
détroit du loup, et La montagne rouge,
qui vient de paraître, ont déjà rejoint la PAL qui, croyez-moi, n’est pas près
de baisser…
Olivier Truc, Le
dernier Lapon, Métailié, 2012. Disponible en Points Policier. Disponible en
ebook.
2 commentaires:
Grrrr ! Il me le faut après ce billet !!!
😈 He he he (ma version du rire diabolique)
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