samedi 22 octobre 2016

La nuit est leur royaume de Wessel Ebersohn


Présentation éditeur
Sept activistes ont disparu au Zimbabwe. Parmi eux, le cousin d'Abigail Bukula dont on pense qu'il est détenu à Chikurubi, prison à la sinistre réputation. Ce cousin est aussi écrivain, et c'est en lisant ses écrits qu'Abigail est amenée à consulter le psychiatre Yudel Gordon. Elle va tenter de faire libérer les détenus, mais à la prison, il n'y a plus aucune trace d'eux...

Ce que j’en pense
Je crois avoir déjà eu l’occasion de le dire, mais la trilogie sud-africaine de Wessel Ebersohn avait été un fameux choc, et La tuerie d’octobre, qui marquait son retour et celui de Yudel, son personnage, m’avait un peu laissée sur ma faim. Enfin, j’avais passé un bon moment, mais c’était loin de la force des premiers volumes. J’ai donc abordé La nuit est leur royaume avec un mélange d’impatience et de crainte.
Et puis… et puis le charme a opéré. Wessel Ebersohn déplace ici son action au Zimbabwe, et c’est une réussite complète. J’ai adoré retrouver Yudel, j’ai également aimé Abigail qui m’avait laissée un peu froide dans le précédent. Le prologue est saisissant d’horreur, alors même que Wessel Ebersohn prend le parti d’une sobriété qui confine à l’ellipse. Puis nous suivons les pas d’Abigail, appelée à la rescousse pour faire libérer un cousin dont elle ignorait l’existence au Zimbabwe.
C’est fort, c’est complexe, c’est haletant : c’est un roman que j’ai adoré, le genre dont on tourne les pages fébrilement tout en redoutant le moment où il sera terminé.
Wessel Ebersohn s’y entend pour dépeindre la complexité d’un pays africain en proie à un régime violent, les combats d’un peuple, sans jamais sombrer sans une vision manichéenne. Et il rend sensible ce pays pour son lecteur : je sentais la pluie, les ornières de la route, je voyais les impalas dans le parc du club.
Par ailleurs, j’ai été sensible au portrait qu’il fait ici d’Abigail : l’épouse en plein questionnement, troublée par un autre homme que son époux, est évoquée avec beaucoup de subtilité. J’ai trouvé qu’elle prenait de l’épaisseur par rapport au volume précédent.
Je suis très enthousiaste, vous l’aurez compris. J’ai hâte de retrouver les personnages dans un prochain opus !  

A noter : sur le site de l'auteur, un article très intéressant sur les sources de La nuit divisée: glaçant. clic!


Wessel Ebersohn, La nuit est leur royaume (Those Who Love Night), Rivages/Thriller, 2016. Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Fabienne Duvigneau. Publication originale : 2010. Disponible en numérique.

6 commentaires:

Electra a dit…

oh hâte de découvrir son univers ! ton billet me donne envie, et surtout qu'apparemment l'auteur a retrouvé son mordant et puis l'Afrique, un autre continent, un psy .. que du neuf pour moi !

Tasha Gennaro a dit…

Ah j'espère que ça te plaira. Yudel, le psy, est un personnage très réussi!

Eva a dit…

j'ai longtemps travaillé avec l'Afrique du Sud et j'aime les romans qui se passent là-bas, je note donc!

Tasha Gennaro a dit…

Ah du coup, ton avis sera le bienvenu! :-)

wollanup. a dit…

Tu fais envie,jamais lu cet auteur.

Tasha Gennaro a dit…

Les trois premiers, parus sous l'apartheid, sont merveilleux de noirceur.