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jeudi 19 septembre 2024

Coliseum de Thomas Bronnec



Présentation éditeur

Dans un pays frappé par une crise démocratique aiguë, le camp de la majorité a choisi de désigner son candidat à l’élection présidentielle lors d’une émission de téléréalité. Nathan Calendreau, ex-ministre des Finances, veut en profiter pour tenter un come-back, alors que le pays est touché par une vague d’assassinats : à chaque féminicide, un groupuscule tue un homme au hasard en représailles.
À l’heure d’entrer dans la fosse aux lions télévisuelle, Calendreau reçoit une lettre de menaces : s’il ne veut pas qu’un drame survienne, il doit renoncer à sa participation. Il décide d’ignorer cet avertissement et plonge dans un loft rempli de zones d’ombre et de manigances.
Quatre politiciens prêts à tout, une productrice aux dents longues, des féministes radicales… Bienvenue dans Coliseum !

Ce que j'en pense

Thomas Bronnec est à mes yeux l'un des auteurs les plus intéressants, et j'attends toujours avec impatience ses romans. Avec Coliseum, il poursuit son exploration du pouvoir et de la politique sur le mode de la légère, très légère anticipation, et cette fois, il s'empare des liens entre médias et démocratie, entre médias et pouvoir, sur fond de crise démocratique, et c'est glaçant. J'ai lu ce roman noir durant l'été, ayant eu la chance de recevoir les épreuves non corrigées. Et dans le contexte de la dissolution et des élections législatives, dans le contexte du grand Barnum des J.O., je vous assure que c'était une lecture effroyable : on y va tout droit, et oui, je ne serais pas étonnée qu'on choisisse un jour un candidat grâce à un spectacle de télé-réalité, ou qu'on vote, pourquoi pas, pas QR Code. Thomas Bronnec nous offre le spectacle ô combien réaliste d'une classe politique d'une vulgarité sans nom, indécente et indigne. 

Ce roman de politique-fiction n'oublie pas la transgression criminelle : des hommes sont tués, semble-t-il en représailles de féminicides. Oeil pour oeil... L'un des candidats à la candidature est sommé de se retirer de la course s'il ne veut pas qu'un nouveau meurtre soit commis. Mais l'ancien ministre ignore l'avertissement. 

Mais n'oublions pas que Thomas Bronnec est avant tout un romancier, et un romancier de grand talent. Coliseum va vite, secoue, dépourvu de fioritures. On grince des dents, on frémit, c'est aussi une redoutable machine narrative. Jamais l'écriture n'est caricaturale, jamais la charge n'oublie la nuance. Il est très difficile de lâcher le roman une fois qu'on l'a commencé, le rythme est soutenu sans être frénétique (et donc agaçant). 


Thomas Bronnec, Coliseum, Gallimard, Série Noire, 2024.


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