dimanche 9 février 2020

Les mains vides de Valerio Varesi

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Présentation éditeur 
Dans la chaleur humide et gluante du mois d’août à Parme, Francesco Galluzzo, un marchand du centre, a été battu à mort. Le commissaire Soneri, chargé de l’enquête, écarte rapidement le motif du vol pour se concentrer sur un usurier, Gerlanda, qui tire toutes sortes de ficelles dans l’ombre depuis des années. 
La vérité a mille visages, et Soneri, malgré sa répugnance pour les méthodes de l’usurier, comprend bien vite que Gerlanda et consorts ne sont que les vestiges d’un monde qui disparaît. Une nouvelle pieuvre déguisée en sociétés irréprochables a décidé de dévorer sa chère ville de Parme, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Pas même l’acharnement désespéré du commissaire...


Ce que j'en pense
Vous le savez, j'ai tardé à me mettre à la lecture de la série de Valerio Varesi, et je gardais précieusement Les mains vides pour un moment privilégié. Et puis comme un nouveau volume de l'auteur est annoncé, il devenait possible pour moi de lire ce roman sans ressentir après un manque trop violent et la sensation de devoir attendre des siècles* pour retrouver un de mes auteurs favoris. C'est donc alors qu'il tombait des trombes d'eau par chez moi que je me suis aventurée dans la canicule de Parme, avec un grand bonheur. Soneri enquête sur la mort d'un dénommé Francesco Galluzzo, marchand de Parme, et plus ses investigations se précisent, moins il y voit clair. Les hypothèses se succèdent, et peu à peu on plonge dans l'essence même du noir, de sa portée critique, car la vraie victime, au-delà de Galluzzo, c'est la ville, c'est un monde ancien dévoré par des criminels en col blanc. Parme la rebelle, Parme la politique meurt sous les coups de boutoir d'une époque anesthésiée par la volonté de profit et de jouissance immédiate, par les puissances capitalistes, par l'indifférence. Même un sale type comme Gerlanda touche par sa lucidité désenchantée, mais faut-il s'en étonner? La force de Valerio Varesi est de brosser des portraits tout en subtilité, loin de tout manichéisme. L'accordéoniste Gondo est bouleversant, symbole de cette Parme qui meurt. 
Soneri déambule dans une Parme écrasée de chaleur, et nous étouffons avec lui, en sortant KO de cette lecture : Varesi se fait toujours plus sombre, plus désenchanté, et c'est magnifique.




* en impatience de lecteur, des siècles = des mois

Valerio Varesi, Les mains vides (A mani vuote), Agullo, 2019. Traduit de l'italien par Florence Rigollet.

1 commentaire:

Electra a dit…

te voilà donc assommée ! l'Italie ne m'a jamais attirée mais je sais qu'elle possède un excellent terreau pour ce genre d'histoires !