Présentation (éditeur)
Un favori à l'élection présidentielle, le président d'un groupe militaro-industriel, un directeur du renseignement intérieur, un syndicaliste disparu après le meurtre de sa famille, une photographe chinoise en vogue... Qu'est-ce qui peut les relier ? Lorraine, agent des services secrets, est chargée de faire le lien. De Paris, en passant par la Bretagne et l'Irlande, pourra-t-elle y parvenir ? Rien n'est moins certain. Neuf ans après La malédiction d'Edgar, Marc Dugain nous offre une plongée romanesque sans concession au coeur du système français où se mêlent politiques, industriels et espions.
Ce que j’en pense
De Marc Dugain j’avais beaucoup aimé, l’an dernier (date de ma lecture, pas de la publication), La Malédiction d’Edgar, et par conséquent, j’ai eu envie de lire L’Emprise. Il faut dire que le sujet était pour moi un beau sujet de roman noir, je me suis donc laissée embarquer sans réserve. Le roman m’a plu, mais j’ai été un peu déçue par le final, ou plutôt j’ai trouvé la fin rapide et pas tout à fait satisfaisante: précisément, un auteur de roman noir serait, me semble-t-il, allé plus loin encore dans le final atroce et sans retour. Mais que j’aie été déçue par le final ne signifie pas qu’il est mauvais. Je crois même que d’une certaine façon, il est plus réaliste, et comme la réalité, décevant, non spectaculaire…
Si je devais émettre une autre réserve, ce serait la suivante: L’Emprise m’a séduite par sa manière d’aborder la vie politique actuelle, où l’intérêt de l’Etat et du peuple ne compte pas pour grand-chose face aux intérêts individuels de ceux qui « font » l’Etat, sans que l’on puisse parler uniquement de corruption. Marc Dugain est trop subtil pour simplement reprendre le refrain du « tous pourris », et si la corruption est de la partie - une certaine forme de corruption - elle n’est pas la seule donnée, les choses sont bien plus complexes. Bref, cela rencontre ma vision des choses. Et pourtant je ne pouvais m’empêcher de penser « so what? » Suffit-il qu’un roman rencontre ma vision du monde? Ne doit-il pas me bousculer, me décontenancer pour me faire réfléchir, pour enrichir ma vision des choses? Je dis ça, mais certains de mes romans noirs préférés rencontrent ma vision du monde et c’est pour cela que je les aime… Alors peut-être que le problème avec L’Emprise, c’est que, contrairement à ces romans noirs qui me chamboulent sans bouleverser ma vision du monde, je n’ai pas été touchée.
Donc j’ai aime L’Emprise mais pas autant que j’aurais voulu. La Malédiction d’Edgar m’a donné le sentiment d’apprendre des choses, pour L’Emprise ce n’est pas le cas. N’allez pas croire cependant que je l’ai lu sans plaisir aucun, je n’ai eu aucun mal à aller au bout et jamais je n’ai songé arrêter ma lecture avant la fin. Il faut dire que les personnages existent rapidement et qu’ils sont très convaincants. La force de Marc Dugain est de ne jamais céder à la facilité, de ne pas tomber dans la caricature. Certains voient dans les personnages des réminiscences de certains de nos hommes politiques, et bien entendu, il y a des échos; mais Marc Dugain ne fait pas de roman à clé, et c’est bien pour ça que les personnages existent avec force en tant qu’êtres de fiction, avec une profondeur et une complexité que n’auraient pas des clones de nos hommes politiques.
Enfin, il y a la sobriété de l’écriture de Marc Dugain, efficace, qui cerne au plus juste les émotions, les réflexions.
Au final, je n’ai donc pas été emballée comme je l’avais été avec La Malédiction d’Edgar, mais L’Emprise reste un roman hautement recommandable.
Marc Dugain, L’Emprise, Gallimard, 2014. Disponible en ebook.
3 commentaires:
Tu n'es pas totalement convaincue, mais ton avis est suffisamment positif pour que je me laisse tenter, lorsque je le trouverai en bibli, car j'apprécie le thème choisi.
Comme nous avons l'occasion de l'évoquer, tout à fait d'accord avec ton ressenti et ton analyse.
@Brize: oui, mon avis est globalement positif, tu me diras quand tu le liras, j'aimerais bien avoir ton avis!
@mon petit chapitre: ça me rassure, je me demandais quand même si ce n'était pas moi, mon humeur!
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