mardi 7 août 2012

D'un bord à l'autre (Chroniques de San Francisco tome 5) d'Armistead Maupin

 

Présentation
Le 28 Barbary Lane réunit une faune attachante : autour d’Anna Madrigal on trouve Michael, homosexuel adorable, Brian, hétérosexuel affolant, Mary Ann, une provinciale qui va rapidement s’accoutumer à la liberté de San Francisco, Mona, une jeune femme parfaitement libérée. Ce ne sont là que les locataires du 28 Barbary Lane… Il y a aussi Deedee et Dor, Booter, et bien d’autres encore.
Ce volume 5 se déroule dans les années 80. Au 28 Barbary Lane, toujours régi par Mme Madrigal, vit toujours Michael, dont le sida a bouleversé l’existence, tandis que Brian et Mary Ann vivent dans un luxueux immeuble tout proche, avec leur enfant, et que Deedee et Dor élèvent leur progéniture dans les quartiers chics. Dans ce volume, il sera question de camps de vacances un peu spéciaux, d’un nouveau venu qui va émouvoir Michael, et des angoisses de Brian concernant son état de santé.

Mon avis
J’ai dévoré en ce début d’été les Chroniques de San Francisco, de l’Américain Armistead Maupin. En fait, j’avais lu il y a des années les tomes 1 et 2, puis laissé là les habitants du 28 Barbary Lane. Mais l’émission de François Busnel consacrée à San Francisco m’a permis de voir Armsitead Maupin dans sa ville et donné envie de me replonger dans cette série. Les quatre premiers volumes sont un pur enchantement. Ils livrent le portrait d’une époque, fin des années 70 et début des années 80, dans une ville hors norme, San Francisco. Paru d’abord en feuilleton dans la presse, le récit enchaîne les chapitres brefs dans un style feuilletonnant très réussi, avec moults rebondissements, faisant des Chroniques de San Francisco un redoutable page turner. D’ailleurs, d’habitude, j’ai du mal à enchaîner sans pause les volumes d’une série, mais début juillet, j’ai dévoré les quatre premiers tomes sans pouvoir m’arrêter ni passer à autre chose.
Qu’en est-il du tome 5 ? Est-ce justement parce que j’ai lu autre chose entre le tome 4 et le tome 5 ? Je ne sais pas, mais toujours est-il que j’ai pris un peu moins de plaisir à ce volume. Ce qui faisait jusque là l’unité de cet univers commence à s’éparpiller, si je puis dire : l’intrigue se déroule bien moins que dans les autres volumes au 28 Barbary Lane, se concentrant sur quatre lieux « périphériques » : l’immeuble luxueux où vivent désormais Brian et Mary Ann, certes à deux pas de leur ancien immeuble, mais tout de même plus sous le regard bienveillant de Mme Madrigal ; le camp où se rend Booter pour passer de viriles vacances ; celui où se rendent Deedee et Dor’ ; la maison investie par Brian et Michael (plus un invité dont je ne dirai rien) un peu plus loin dans le roman. Bref, on passe peu de temps à Barbary Lane et c’est bien dommage. Je suis peut-être de mauvaise foi en disant cela : le tome 4 avait largement amorcé cette tendance et ça ne m’avait pas gênée. Mais il y a autre chose : le récit tourne autour de Booter, de Michael et de Brian, de Deedee et de Dor’, et délaisse un peu trop les autres personnages, je pense ici à Mme Madrigal et Mary Ann. Certes, on introduit de nouveaux protagonistes, cependant cela ne suffit pas tout à fait à mes yeux, d’autant que certains sont juste esquissés. Je signale d’ailleurs le caractère mensonger de la quatrième de couverture du volume (de l’édition 10/18 la plus récente), qui promet le récit du combat de Mme Madrigal contre la municipalité (ah bon ? il n’en est pas tant question que ça) et l’arrivée d’un nouvel occupant dans l’immeuble avec bien des bouleversements (hein ? quoi ?)…
On sent bien qu’il devient difficile de justifier la cohabitation de tous ces personnages en un lieu, ainsi que la nécessité de renouveler un peu le personnel romanesque, et je n’en blâme pas Armistead Maupin. Disons que mon intérêt s’amenuise… Je vais tout de même lire le volume suivant, qui avait provisoirement bouclé la série et je m’en tiendrai là. Il est improbable que je lirai les « suites » qu’a données, bien longtemps après, Armistead Maupin à sa folle série.

Pour qui ?
Pour tous ceux qui ont envie de humer un vent de liberté made in San Francisco, d’avoir un point de vue sur une époque révolue, de se laisser entraîner dans la vie de personnages fabuleux.

Le mot de la fin
Addictif. 

Armistead Maupin, D'un bord à l'autre. Chroniques de San Francisco tome 5 (Significant others), 10/18, 2007. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Gwenaël Hubert. Première édition française: Passage du Marais, 1997.

4 commentaires:

Brize a dit…

Damned, je n'ai pas vu l'émission de Busnel dont tu parles (en fait, je n'ai vu que quelques épisodes de ses carnets de voyages aux US), quel dommage !
Je ne sais plus si j'avais, comme toi, été un peu déçue par l'opus que tu chroniques, mon souvenir de la série (très bon) est trop lointain pour le dire.

Tasha Gennaro a dit…

Pour les carnets de route de Busnel, j'ai vu qu'ils étaient rediffusés cet été (à une heure un peu tardive, certes), en tout cas je suis tombée sur l'émission consacrée au Wyoming et autres grands espaces en juillet! J'ai vraiment aimé cette série consacrée aux écrivains US, ça m'a donné des envies de lecture...
Pour les Chroniques de San Francisco, c'est de toute façon une impression très positive qui domine! Et même pour le volume 5, franchement, je l'ai dévoré malgré mes réserves...

Loo a dit…

Tu me rassure. Je me suis arrêtée au tome 1 en étant légèrement déçue. Depuis toute la suite attend que je m'y remette. Peut-être pour un prochain jour.
Sympa ton blog.

Tasha Gennaro a dit…

La première fois que j'avais commencé la série, j'avais été un peu lassée, au bout d'un moment, par l'avalanche de péripéties abracadabrantes : mais cette fois, je partais du principe que c'était une sorte de roman-feuilleton, donc ça m'a bien plu! Merci de ta visite (j'aime bien ton blog aussi, tu m'as donné envie d'aller voir l'expo Les Séductions du palais)!